C'est une histoire parmi d'autres, puisque selon une enquête de l'Ordre, 43 % des médecins ont subi une agression physique et 36 % ont été victimes de vol ou de vandalisme (« le Quotidien » du 23 octobre 2002). Une histoire que tous les médecins redoutent d'avoir à raconter.
Le Dr C. exerce depuis trente ans dans un cabinet situé dans une tour de 18 étages dans une ville de banlieue. Il est un peu plus de 20 heures et il reçoit sa dernière patiente quand deux hommes encagoulés font irruption dans la pièce, l'un armé d'un pistolet, l'autre d'un couteau. Le médecin est frappé à coups de crosse et doit, comme sa patiente, se coucher par terre, les mains dans le dos. C'est la Carte bleue que les agresseurs convoitent, mais le médecin n'en a pas sur place ; l'un des deux hommes s'énerve, donne des coups de pied, des coups de couteau sur le visage, le praticien lui indique le sac contenant l'argent qu'il devait aller porter à la banque (autour de 1 300 euros). Cela durera une heure et demie avant que les agresseurs repartent, non sans avoir ficelé leurs victimes.
En trente ans, c'est la première fois que le Dr C. est agressé physiquement. Il a été quelquefois bousculé ou insulté, il a été victime de petits vols mais n'a jamais connu de gros problèmes et n'a jamais eu peur. Il garde un très bon moral, dit-il d'une voix ferme, lui qui vient de passer trois jours à l'hôpital. Et il n'a pas l'intention de changer grand-chose à ses habitudes. Que peut faire un généraliste qui indique sur sa porte « Sonnez et entrez », interroge-t-il ? Tout juste concède-t-il qu'il fermera peut-être son cabinet un peu plus tôt.
En attendant, il pense avoir identifié l'un de ses agresseurs, qui serait venu le consulter une ou deux fois, peut-être pour repérer les lieux. Les deux hommes étaient en attente sur le palier et une patiente qui sortait a vu l'un d'eux à visage découvert.
N'y a-t-il donc rien à faire ? Le praticien qui a signalé au « Quotidien » l'agression de son confrère, estime qu'une réflexion est nécessaire. Elle a été engagée à différents niveaux sans que les solutions envisagées puissent couvrir tous les risques du métier et les façons d'exercer.
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