IL Y A DES EVIDENCES qui gagnent à être martelées. Comme celle qu'a rappelée Xavier Bertrand : « Le vaccin contre la grippe saisonnière n'est pas le vaccin contre la grippe aviaire. » Pour la campagne 2005-2006, le cocktail choisi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) vise à susciter une réaction immunitaire contre les souches A/California (H3N2), A/New Caledonia/99 (H1N1) et B/Shanghai/2002. Rien à voir avec les virus grippaux A(H5, H7 ou H9) d'origine aviaire.
Le public, cependant, réagit par une « ruée spectaculaire sur le vaccin saisonnier, confirme au "Quotidien" Patrick Martin, président de la chambre syndicale des répartiteurs. Nos entreprises sont dans l'obligation de constituer des listes de commandes avant d'honorer des demandes qui, si elles étaient toutes traitées en temps réel, aboutiraient à vider les stocks ».
Certes, chaque année, les répartiteurs observent des tensions qui peuvent aller jusqu'à des ruptures momentanées, mais le contexte lié au risque de pandémie aviaire est préoccupant. Sans disposer encore de données précises, on peut pronostiquer que le score moyen de vaccination, d'ordinaire compris entre 20 et 25 %, sera pulvérisé. Rien qu'en entreprises, Sanofi-Pasteur signale une augmentation de 10 à 15 % des commandes de vaccins.
D'où l'inquiétude exprimée par le directeur général de la Santé : « Cet hiver, il faut que soient vaccinés ceux qui risquent de souffrir de la grippe saisonnière, c'est-à-dire les personnes de plus de 65 ans, les personnes qui ont une maladie chronique cardiaque et les professionnels de santé humaine qui soignent les malades et qui risquent soit d'attraper la grippe, soit de la transmettre aux malades qu'ils vont voir, souligne le délégué interministériel à la lutte contre la grippe aviaire. L'important, c'est que ces personnes-là soient complètement vaccinées, et il serait regrettable qu'elles puissent en être privées. »
« C'est devenu la question du jour », souligne-t-on à la DGS, en répétant que le vaccin saisonnier ne protège pas contre le virus aviaire muté.
Même rappel au Geig (Groupe d'étude et d'information sur la grippe) : « L'accroissement injustifié de la demande de vaccins grippaux risque de se faire au détriment des sujets à risque qui ne se sont pas encore fait vacciner. »
Confinement des poulaillers dans 21 départements.
La France renforce cependant son dispositif de prévention, le faisant « monter d'un cran supplémentaire au nom du principe de précaution , explique le ministre de l'Agriculture, Dominique Bussereau, même s'il n'y a aucun cas de grippe aviaire sur le territoire ». C'est ainsi que, passant outre à la dernière recommandation émise par l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa, « le Quotidien » du 21 octobre), le gouvernement a décidé le confinement des élevages de volailles de plein air dans les 21 départements les plus exposés au contact avec les oiseaux migrateurs*. Six mille cinq cents élevages professionnels sont concernés, dont 3 400 avec un parcours extérieur, qui produisent 42 millions de volailles, dont 11 millions élevées en plein air, soit 7 % de la production totale.
S'agissant de la chasse, l'utilisation ainsi que le transport des « appelants », ces oiseaux vivants utilisés comme appâts, sont interdits sur tout le territoire. De même les foires, marchés et expositions avec des animaux vivants sont suspendus (exception faite pour les marchands des bords de Seine, à Paris, quai de la Mégisserie). Le gouvernement, enfin, n'a pas attendu les conclusions de l'Afssa, annoncées pour cette semaine, au sujet de la vaccination. Constatant qu'« il n'y a pas de vaccin universel pour l'ensemble des volailles », mais qu' « il en existe seulement un, injectable, pour les poulets », il a renoncé à ordonner une mesure jugée « trop compliquée » dans son application.
* L'Ain, l'Aube, les Bouches-du-Rhône, la Charente-Maritime, la Haute-Corse, le Gard, la Gironde, l'Ille-et-Vilaine, l'Indre, les Landes, la Loire-Atlantique, la Manche, la Marne, la Haute-Marne, la Meurthe-et-Moselle, la Meuse, le Bas-Rhin, le Haut-Rhin, la Seine-Maritime, la Somme et la Vendée.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature