« C'EST LA SECONDE étude suggérant que les IgE SC peuvent permettre de prédire un asthme à l'âge de 10 ans, ce qui est probablement à relier à l'âge tardif d'apparition de cette maladie », écrivent A. Sadeghnejad et coll. (Michigan State University). Ce travail souligne l'importance d'éléments de la vie prénatale dans la survenue d'allergies plus tard au cours de la vie.
On sait depuis longtemps que des facteurs précoces ont un impact majeur sur le développement de l'allergie et de l'atopie.
La cohorte de l'île de Wight.
En 1975, Orgel et coll. montraient une corrélation entre les taux d'IgE sériques pendant la première année de la vie et le développement de l'atopie jusqu'à l'âge de 2 ans. Différents auteurs se sont intéressés aux IgE SC, avec des résultats peu concluants par manque d'unité des méthodologies. Jusqu'à la cohorte de l'île de Wight. Cette cohorte a été choisie en 1989 pour étudier les facteurs de risque de l'atopie et son développement pendant l'enfance. La première analyse des IgE SC dans cette cohorte avait montré qu'ils représentent un élément prédictif d'asthme, d'eczéma et de rhinite allergique au cours de la première année de la vie.
Une étude effectuée par la suite chez des enfants de 4 ans montrait qu'une élévation des IgE SC est associée à une augmentation du risque de sensibilisation aux allergènes, sans augmentation des symptômes allergiques respiratoires.
La présente étude s'est intéressée, toujours dans cette cohorte de l'île de Wight, à l'évolution avec le temps des bébés ayant à la naissance des taux élevés d'IgE SC.
On possède les taux d'IgE SC de 1 358 enfants nés en 1989 et 1990. L'observation de ces enfants pour ce qui concerne les allergies a été recueillie à différents âges.
Une sensibilisation allergique à 4 et 10 ans.
Les résultats montrent à 4 et 10 ans des taux de sensibilisation allergique respectivement de 20,2 et 27 %. Le risque en association avec les taux élevés d'IgE SC est donc significatif à ces deux étapes : à 4 ans, avec un OR de 2,29, et à 10 ans, avec un OR de 1,73.
Pour l'asthme, la prévalence est de 10,3 % avant 2 ans, de 15,2 % à 4 ans et de 12,8 % à 10 ans. Là, le risque relatif n'est significativement augmenté que pour les enfants de 10 ans (OR de 1,66).
« On savait déjà que des événements précoces de la vie peuvent influer sur l'atopie et l'asthme. Mais comment les IgE SC peuvent-ils prédire l'asthme à l'âge de 10 ans et pas avant ? », s'interrogent Sadeghnejad et coll.
Une explication plausible est que le diagnostic d'asthme pendant la petite enfance est fondé sur des symptômes transitoires qui tendent à disparaître par la suite. Kurukylaaratchy et coll. ont montré que les deux tiers des enfants qui ont des sifflements pendant les quatre premières années de la vie ne les manifestent plus à l'âge de 10 ans.
L'hypothèse d'un développement graduel de l'asthme.
Une autre explication est que la tendance à l'asthme augmente progressivement jusqu'à ce qu'elle devienne significative, à l'âge de 10 ans (en se fondant sur le calcul des OR). « Ce qui peut être considéré comme un développement graduel de l'asthme chez ceux qui ont des IgE SC augmentés. D'où l'importance des IgE SC en tant que biomarqueurs des événements de la vie fœtale pouvant induire un asthme par la suite. »
A cet égard, il faut noter que l'association trouvée dans cette étude entre des taux augmentés d'IgE SC et des antécédents maternels d'atopie est plus forte que si c'est le père qui présente de tels antécédents. Ce qui concorde avec la notion selon laquelle la réponse immunitaire maternelle influe sur les réactions allergiques de ses enfants.
« Thorax » 2004 ; 59 : 936-942.
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