D'innombrables études dessinent depuis des décennies les contours épidémiologiques et les nombreux facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires, comme la célèbre étude américaine Framingham Heart Study. Le risque cardio-vasculaire résulte de l'interaction de facteurs environnementaux avec des facteurs d'hérédité, jugés responsables jusqu'alors d'un tiers du risque.
L'étude prospective de la cohorte STANISLAS, prévue pour durer de 1993 à 2006, leur fait une place de choix. Novatrice à plus d'un titre, elle l'est d'abord par le caractère familial du recrutement, pointant les « ressemblances familiales » des facteurs de risque.
Ces 1 006 familles volontaires et motivées comprennent les deux parents et au moins deux enfants biologiques de plus de 4 ans et fidèles au centre de médecine préventive de Nancy (CMP). D'origine européenne, ces familles sont aussi lorraines (région affectée d'une surmortalité cardio-vasculaire de 17 % par rapport à la moyenne nationale). Présumés sains, ces 4 300 patients avaient un bilan normal au moment de l'inclusion. Les objectifs de l'étude sont de valider de nouveaux marqueurs génétiques prédictifs de l'état de santé cardio-vasculaire et de tenter d'établir des profils génétiques correspondant aux différentes entités cardio-vasculaires.
Le suivi des patients et le recueil des données sont classiques : constitution d'une large base de données épidémiologiques et d'une hémathèque faite des fractions sanguines et d'une banque d'ADN prélevées à T0, T+5 ans et T+10 ans.
Une triple orientation
En revanche, l'étude génétique est pionnière dans ses méthodes et a une triple orientation. Le premier volet vise à étudier les interactions gènes-gènes et à décoder le polymorphisme génétique de ces maladies cardio-vasculaires. En collaboration avec Roche (Alamada, Etats-Unis), l'équipe INSERM U525, dirigée par Me Visvikis, a mis au point un outil en cours de validation, « Multiplex2 », qui démultiplie le rendement du génotypage de la cohorte portant sur trent-six gènes, dits « candidats », car susceptibles d'être impliqués dans ces maladies. Un deuxième volet de l'étude porte sur l'interaction entre gènes-candidats et protéines codées par ces gènes. Ces protéines, encore appelées « phénotypes intermédiaires », entrent dans les voies métaboliques de la maladie cardio-vasculaire : dyslipoprotéinémies, hypertension artérielle, viscosité sanguine, fonction endothéliale et réaction inflammatoire.
Un troisième volet porte sur l'interaction entre facteurs environnementaux, véritables activateurs génétiques, et gènes-candidats.
STANISLAS est pilotée par un comité scientifique international où siège notamment le Pr Hanash, président de HUPO (organisation de recherche en protéomique humaine) ; le Pr Siest, directeur du laboratoire du CMP, coordonne les multiples collaborations scientifiques nationales et internationales.
75 % des familles toujours en lice
Le financement est assuré par la CNAM (12 MF), l'INSERM, l'université Henri-Poincaré de Nancy, la région Lorraine et la communauté urbaine du Grand Nancy, des partenaires industriels et la Communauté européenne (3 MF).
La masse des données épidémiologiques et biologiques accumulées continuera d'être analysée bien après 2006. En 2001, 75 % des familles incluses sont toujours en lice et les quarante chercheurs impliqués espèrent vivement que tous ces participants resteront motivés jusqu'au bout car, puisqu'ils sont devenus partenaires, rien n'est plus possible sans leur collaboration active.
Paris. Conférence de presse.
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