IL NE FAISAIT PAS BON être cadre infirmier dans le service de chirurgie thoracique de l'hôpital Henri-Duffaut d'Avignon (Vaucluse), qui, pourtant, est renommé pour la qualité de ses soins aux patients.
Janvier 2006 : François Decoucout, directeur de l'établissement, reçoit un courrier de la section CGT lui faisant savoir que le personnel non médical du service en question «est harcelé par le cadre de santé infirmier». Il s'agit d'une femme, qui arrive de l'institut de formation en soins infirmiers, où elle occupait le poste de cadre formateur. «En raison de son côté scolaire, de sa rigidité, MmeX est mal ressentie.»
Immédiatement, la direction diligente une enquête et rencontre la femme cadre infirmier. «Pour crever l'abcès, un groupe de paroles, avec un psychologue, voit le jour en mai 2006», explique au « Quotidien » le directeur. Il importe d'apporter la sérénité à un service «qui marche bien». Malheureusement, il n'en sort rien. Car «chacun campe sur ses positions: le cadre d'un côté, quatre ou cinq infirmières de l'autre, et au milieu ceux qui tiennent à rester neutre». En juin, une partie du personnel paramédical lance une pétition mettant en cause «des dysfonctionnements divers et variés». Puis tous les acteurs infirmiers et aides-soignants, une vingtaine de personnes, sont entendus par la direction des ressources humaines (DRH) entre juillet et septembre. «Certains ont des choses à dire, d'autres gardent le silence», poursuit le directeur. Entre-temps, la voiture du cadre infirmier est vandalisée à l'extérieur de l'hôpital.
L'intéressée demande sa mutation, qui est acceptée le 1er septembre. Au cours des contacts individuels pris par la DRH, des «faits antérieurs sont exhumés»: la personne qui a précédé le cadre infirmier parti exercer ailleurs a bu à son insu des boissons coupées avec des «produits médicamenteux». «C'était en 2004, avant mon arrivée en septembre de la même année», témoigne François Decoucout. Le cadre infirmier, venu de la région parisienne, quittera les lieux «sans que l'on sache si son départ était lié à l'affaire». Quoi qu'il en soit, pour la direction, il convient de passer le relais à la justice, ce qui sera fait au début de novembre 2006.
Il s'ensuit une enquête de la police judiciaire qui se soldera par la mise en examen de trois infirmières et d'une aide-soignante. Sur les quatre, qui sont au coeur des épisodes de 2004 et 2006, deux sont aujourd'hui en disponibilité pour convenance personnelle, une pratique son art dans une autre structure, tandis que l'aide-soignante travaille toujours à Henri-Duffaut, mais dans un service différent. Près de 80 % de l'équipe non médicale de chirurgie thoracique a été renouvelée. Il appartiendra au tribunal correctionnel de la cité des Papes de dire le droit le 30 avril. François Decoucout, qui admet ne pas tout connaître de ce qui s'est passé, y apprendra sûrement des choses. Les quatre personnes poursuivies répondront ce jour-là de harcèlement moral, d'appels téléphoniques malveillants et de dégradation de matériel.
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