DE NOTRE CORRESPONDANTE
C’EST EN PRÉSENCE du président de la Mutualité française, Jean-Pierre Davant, et du président de l’Union mutualiste de gestion des établissements du Grand Lyon, Francis Contis, entourés d’un aréopage d’élus et de représentants d’institutions, que la première pierre du groupe hospitalier mutualiste les Portes du Sud a été posée.
À son échelle, ce projet s’inscrit dans la même stratégie que celle qui sous-tend le « parcours de santé mutualiste » (« le Quotidien » du 14 juin) : il vise l’efficience et l’égalité d’accès aux soins. Engagé dès 2001 par la Mutualité, il va regrouper les activités de la clinique Psph (privée, participant au service public hospitalier) La Roseraie et la polyclinique des Minguettes, implantées à Vénissieux, dans un établissement unique, sur un terrain de 5 ha gracieusement offerts par la commune de Feyzin. La livraison de cette clinique, qui représente un investissement de 50 millions d’euros, est prévue pour l’été 2008 : elle disposera de 232 lits et, entre autres, d’un bloc opératoire de 12 salles, d’un bloc obstétrical de 10 salles, d’un service d’imagerie et d’un service d’urgences capable d’absorber 25 000 passages par an. Son activité chirurgicale sera financée à 100 % par la tarification à l’activité (T2A) et les activités de médecine et d’obstétrique le seront à 50 %, complétées par une dotation.
Inquiétudes des médecins.
Mais ce vaste projet, qui s’inscrit dans un bassin de population fortement précarisé, n’est pas aussi fédérateur que la Mutualité le souhaiterait, pour des raisons essentiellement « culturelles ». Depuis le rachat de leur établissement par la Mutualité en 2003, certains médecins libéraux exerçant à la polyclinique des Minguettes s’inquiètent de la baisse d’activité constatée et d’une disparition progressive de la notion de clientèle : «La Mutualité veut faire du privé sans avoir la culture du privé», observe le Dr Bernard Alacoque, dermatologue.
Déficitaire lors de son rachat, la polyclinique des Minguettes l’est encore aujourd’hui. «Nous perdons en réactivité, dit le Dr Philippe Bauchu, chirurgien-orthopédiste dans cet établissement, et nous craignons qu’il soit bientôt impossible de recruter un chirurgien confirmé.» La directrice générale des établissements mutualistes du Rhône et de l’Ain, Dominique Lebrun, reconnaît qu’elle est «dans un rapport de force» sur ce projet, tout en soulignant que «certains médecins ne s’y étaient pas beaucoup impliqués». Elle admet également que la situation déficitaire de la polyclinique, passée d’une activité MCO à une activité chirurgicale exclusive, joue sur le climat. Quant à la baisse d’activité, elle l’estime provisoire, en mettant cette chute sur le compte du passage à la T2A et de la réforme du médecin traitant.
Défi.
En revanche, «il est vrai que la clinique enregistre une modification de la clientèle qui se caractérise, notamment, par une forte proportion de personnes bénéficiant de la CMU», poursuit Dominique Lebrun. «Par conséquent, ajoute-t-elle, nous restons sensibles aux questions de dépassement d’honoraires car notre mission est aussi de soigner des personnes en forte précarité.»
L’autre restructuration, prévue dans l’est lyonnais, est également sur les rails. Un projet identique aux Portes du Sud devrait voir le jour dans la commune de Décines, avec la création d’une nouvelle clinique d’environ 250 lits. A l’échéance 2010, elle pourrait regrouper une partie des activités de la clinique Trarieux (Lyon, 3e), de la clinique du Grand Large et de la maternité de l’Union à Vaulx-en-Velin. Par ce schéma de restructuration bipolaire dans l’est lyonnais, la Mutualité situe clairement son offre de soins dans le cadre de l’économie sociale. C’était également le souhait exprimé par les autorités de tutelle. La rentabilité économique de ses établissements, qui lui permettra de revendiquer un modèle exemplaire d’économie sociale, reste donc un enjeu pour l’avenir.
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