Dans le Rhône, la journée santé libérée ne sera pas aussi « unitaire » que le souhaitent la CSMF et le SML.
Comme prévu, le syndicat des médecins du Rhône (FMF), qui regroupe 50 % de praticiens en secteur II, s'abstient de participer à cette action dont il dénonce à la fois le fond et la forme. L'idée passe aussi très mal auprès de la Coordination des médecins spécialistes de la région lyonnaise (COMSRL). Le Dr Martine Pitiot, membre de son bureau, explique ne pas vouloir participer, ni appeler à participer : « Il est vrai que les tarifs de la Sécurité sociale ne permettent pas de travailler correctement, et c'est pour cela que nous demandons une augmentation », admet cette spécialiste en gynécologie-obstétrique . « Toutefois, nous n'avons pas attendu le mot d'ordre des syndicats pour prendre du temps avec nos patients. » Le libellé de cette journée « médecine plaisir » est donc jugé déplacé : « Que signifie alors la pratique des autres jours, une médecine d'abattage ? » Et d'enfoncer le clou : « Si la CSMF et le SML font de la " médecine plaisir " un jour par an, nous nous faisons cela tout le temps ! » C'est d'ailleurs pour défendre la qualité au quotidien que la COMSRL dit poursuivre le recueil des intentions de refus du RCM, soit 164 lettres recueillies au 5 juin. Les lettres devraient être prochainement déposées à la caisse d'assurance-maladie, en présence d'un huissier. Une méthode qui, à son tour, choque les syndicats précédemment cités : « Les médecins impliqués dans les coordinations ont été par le passé très opposés aux dépassements d'honoraires », rappelle le président du SML-69, Yves Kossowski. « Or, d'un seul coup, ils sautent à pieds joints au-dessus de leurs réticences, en prônant d'emblée le déconventionnement ! » Même s'il comprend cette « bouffée d'exaspération », ce psychiatre installé à Lyon juge qu'elle ne procède pas « d'une analyse lucide de la situation et des rapports de force ».
Problème psychologique
Les sections du Rhône de la CSMF et du SML sont donc seules à s'engager dans l'action à visée « libératrice » d'aujourd'hui : « J'ai écrit aux 500 adhérents du département pour leur expliquer qu'ils devront prendre un maximum de temps pour traiter leur patient, comme ils le font habituellement, bien entendu, mais en effectuant un dépassement s'ils jugent que les soins prodigués le réclament », indique le Dr Danielle Atayi, généraliste et présidente de la CSMF-69. Son homologue du SML, qui a fait de même auprès des 250 adhérents de sa section syndicale, précise les tenants et aboutissants de cette action : « Les médecins conventionnés en secteur I ont un problème psychologique par rapport à l'argent. Pour eux, prendre un dépassement, c'est presque agresser le malade », déclare le Dr Kossowski. Le mot d'ordre du 11 juin devrait donc, selon lui, les inciter à être un peu plus contestataires vis-à-vis des « mauvaises manières » qui leur sont infligées. « Nous voulons leur dire : expérimentez la liberté d'honoraires, vous verrez bien que vos patients peuvent le comprendre. »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature