La grève des gardes de nuit

Rhône : deux fois plus d'appels pour SOS-Médecins

Publié le 18/11/2001
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De notre correspondant

La nuit tombée, lorsque l'essentiel de l'activité a cessé et que le brouillard et le froid de novembre enveloppent ses nombreux pavillons, l'immense hôpital Edouard-Herriot prend une allure étrangement calme.

Vu de l'extérieur, l'un des plus grand hôpitaux de France paraît tout à coup comme apaisé : seul le bruit d'un taxi, d'une ambulance, ou encore d'un véhicule de pompiers surgissant à l'entrée pour se diriger vers les urgences vient parfois trouer le silence. Dans la grande salle de régulation du centre 15, l'atmosphère est feutrée. Devant l'écran de leur ordinateur, écouteur sur les oreilles, index droit sur la souris, Vidal à portée de main, les médecins régulateurs répondent aux appels. Ils interrogent, rassurent, décident de la conduite à adopter. Un médecin, les yeux rivés sur l'écran, résume : depuis le début de la soirée, outre des appels concernant des cas sans gravité ou émanant de farfelus, il a dû « faire intervenir trois véhicules, le premier sur une tentative de suicide, le deuxième pour la chute d'une personne âgée qui va être ramenée aux urgences, le troisième pour un transfert de prématuré entre une clinique et un service de néonatalogie du CHU : rien d'extraordinaire à cette heure-ci, la routine ».

"Situation sous contrôle

Une intoxication médicamenteuse chez un enfant, sans gravité, le retient encore au téléphone quelques minutes.
La grève des gardes a-t-elle des répercussions sur l'activité de ces régulateurs ? Pas pour l'instant, affirment-ils, en ajoutant que, de toute façon, dans les neuf arrondissements de Lyon, « la garde médicale libérale n'a jamais été vraiment organisée », qu' « à partir de vingt-deux heures il n'y a plus de médecin de garde » ; mais que « grâce à la présence de SOS-Médecins, la situation est globalement sous contrôle, en tout cas dans Lyon intra muros  ». Le Dr Emile Hobeika, président de SOS-Médecins-Lyon, qui annonce son « soutien total aux généralistes en grève », indique que si le nombre d'appels reçus au centre 15 durant la première nuit de grève des généralistes libéraux n'a pas augmenté, l'activité de SOS-Médecins « a pratiquement doublé à partir de vingt-deux heures jusqu'à une heure du matin, pour retrouver son niveau habituel jusqu'à cinq heures, puis repartir fortement à la hausse jusqu'à huit heures ». « Devant l'afflux massif des appels, ajoute-t-il, nous avons été contraints de n'accepter en priorité que les urgences réellement ressenties : nous pourrons tenir ce rythme quelques jours, mais certainement pas plus. Pourvu que le gouvernement entende les revendications des généralistes ».

Inquiétude pour les zones rurales

Mais c'est surtout à l'extérieur de Lyon, dans les zones rurales, là où les généralistes, très motivés, semblent observer massivement la grève des urgences de nuit que les difficultés pourraient survenir si le mouvement persistait, estime-t-on au centre 15. La préfecture n'a cependant pas jugé utile de procéder, pour l'instant, à des réquisitions de médecins. « Le vrai scandale qui, certes, ne date pas d'hier ni du mouvement de grève actuel, commente un médecin régulateur, c'est que, faute de généralistes disponibles en ville à proximité des patients, on est parfois obligé de dépêcher un véhicule, une ambulance, voire les pompiers, sur des urgences qui, la plupart du temps, ne le justifient pas. »

Max SAINT-RUF

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7012