LA NOUVELLE CONVENTION MÉDICALE, un an plus tard, ne fait guère recette chez les spécialistes de Lyon et sa proche banlieue, exerçant majoritairement en secteur II. La plupart des médecins interrogés fustigent la «complexité» du système des nouveaux parcours de soins.
Les reproches sont focalisés sur les nouvelles modalités du dispositif des affections de longue durée (ALD).
Le Dr Gérard Chatté, pneumologue en secteur II à Caluire, explique : «Tout passe maintenant par le médecin traitant qui ne rédige pas forcément les documents avec les éléments techniques que j’indiquais lorsque je remplissais moi-même ces certificats, parce que c’est lourd et qu’il n’en a pas le temps.»
Bien qu’il n’ait pas subi, personnellement, de baisse d’activité, il déplore que le médecin traitant soit désormais «seul comptable» du nombre de visites annuelles chez le spécialiste. Selon lui, il est incohérent de «surcharger les généralistes de paperasseries» et de les «transformer en super-orienteurs du service de santé».
Même constat pour Pierre Sérusclat, endocrinologue à la polyclinique des Minguettes, de Vénissieux, qui ne voit pas en quoi ce nouveau «va-et-vient» avec le médecin traitant améliore la prise en charge des patients en ALD. Encore plus sévère, son confrère Bernard Alacoque, dermatologue en secteur II dans le même établissement, considère que cette convention débouche sur «beaucoup de négatif pour peu de positif». Il déclare passer désormais plus de temps à «coter les actes qu’à faire (son) boulot». A l’instar d’autres confrères, il s’étonne que «les bénéficiaires de la CMU, qui auraient besoin d’entrer dans des réseaux ou parcours de soins, aient finalement encore moins d’obligations que les autres patients».
Pour le Dr Domitille Penet, endocrinologue en secteur II à Lyon, la convention se traduit par une diminution drastique de l’activité. «Avant, mes rendez-vous étaient fixés à trois semaines, explique-t-elle. A présent, ils le sont à moins d’une semaine...» Même son de cloche du côté du Dr Christiane Ricard-Meille, rhumatologue en secteur II à Bron. Après avoir consulté des confrères de même spécialité, elle constate que «les trois quarts d’entre eux enregistrent une baisse d’activité de 20 à 30%, pouvant aller jusqu’à 40%, avec des répercussions financières importantes».
En rhumatologie et en ORL, plusieurs spécialistes de secteur I affirment que leur activité a diminué. Une perte de revenus que les partenaires conventionnels envisagent de prendre en compte, par des mesures tarifaires ciblées, dans les négociations tarifaires actuelles.
Enfin, les plaintes récurrentes des malades constitueraient la cerise sur le gâteau : «Les caisses indisposent et culpabilisent les patients et aujourd’hui, c’est nous qui en faisons les frais», analyse le Dr Penet. Le Dr Philippe Neuschwander, neurologue en secteur II à Lyon, évoque carrément «un régime de terreur» exercé par les caisses sur les patients.
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