Le mouvement de protestation des généralistes pour la revalorisation des honoraires

Rhône-Alpes : une mobilisation inégale

Publié le 26/11/2001
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« Nous n'avons pour l'instant aucune inquiétude, car nous n'enregistrons dans toute la région depuis le 16 novembre aucun signe ou symptôme particulier laissant deviner d'éventuelles difficultés qui puissent être liées à la grève des urgences de nuit des généralistes », explique tranquillement au « Quotidien » Patrick Vandenbergh, secrétaire général de l'agence de l'hospitalisation (ARH), de la région Rhône-Alpes, à Lyon.

Deux préfets seulement, ceux de l'Isère et de l'Ardèche, sur les huit que compte la région, ont procédé à des réquisitions. Mais leurs cabinets expliquent que « c'est plus par mesure de précaution que par réelle inquiétude de difficultés d'ordre sanitaire ».
Dans l'Isère, par exemple, où les réquisitions concernent quotidiennement entre une dizaine et une vingtaine d'omnipraticiens, « un petit tiers » des médecins généralistes applique le mot d'ordre de grève. Dans les services d'urgences des hôpitaux de la région, par ailleurs, il est difficile d'évaluer « l'effet grève des généralistes ». Aussi bien dans le Rhône rural, aux urgences de l'hôpital de Tarare, par exemple, qu'au SAMU de Valence (Drôme), qui couvre toute la région valentinoise et au-delà, ou encore à l'hôpital de Bourg-en-Bresse, dans l'Ain, ou à celui de Chambéry, les médecins régulateurs sont unanimes : les « cahiers de passages » et les ordinateurs n'enregistrent pas de pic particulier depuis le week-end du 17 novembr et leur niveau d'activité obéit aux courbes habituelles : une hausse jusque vers une heure du matin, puis le calme plat, sauf admission exceptionnelle, jusque vers huit heures du matin.
C'est donc finalement au sein de la capitale régionale de Lyon et surtout dans ses zones périurbaines que la grève pourrait avoir, si elle persistait, les répercussions les plus inquiétantes. « Il ne faudrait pas que le mouvement s'éternise », nous a confié le Dr Emile Hobeika, président de SOS-Médecins-Lyon, qui exprime la même préoccupation qu'au début du mouvement (« le Quotidien du Médecin » du 19 novembre).
« Car, même en continuant à effectuer le tri sévère que nous opérons dans les appels afin de répondre en priorité aux plus graves, nous ne pourrons pas tenir longtemps comme cela ». L'entreprise des urgentistes associés enregistre, résume-t-il, « une augmentation de l'activité dans l'agglomération lyonnaise de 30 à 40 % jusqu'à une heure du matin, puis d'environ 10 à 15 % jusqu'à trois heures ». Et ses médecins « travaillent un gros tiers de plus que d'habitude ».
Par rapport au début du mouvement, il semble aussi qu'un phénomène nouveau apparaisse, celui de généralistes isolés dans les zones rurales ou périurbaines qui, sans crier gare, décident à leur tour de rejoindre le mouvement et de renvoyer leurs patients au 15. « Nous sommes appelés désormais depuis certains coins de la lointaine périphérie de Lyon, insiste le Dr Hobeika, alors que les généralistes étaient jusque-là non grévistes. Si le mouvement continue à faire tâche d'huile, nous ne pourrons plus faire face. »

Max SAINT-RUF

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7018