Rhône-Alpes : une campagne dans la campagne

Publié le 17/04/2006
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EN RHÔNE-ALPES, la campagne pour les élections professionnelles a commencé par une nouvelle polémique liée à une opération en faveur de la permanence des soins (PDS) tout juste lancée par l’Urml. Le président de l’Union indique néanmoins qu’il aborde cette étape «serein, avec la satisfaction du devoir accompli».

Les hostilités sont ouvertes. Au-delà des querelles entre la Csmf et MG-France, qui ponctuent la vie de l’union régionale des médecins libéraux Rhône-Alpes (Urmlra), les critiques relatives à cette campagne sur le « bon usage de la permanence des soins » (« le Quotidien » du 15 mars) ont fusé de toutes parts, avant même qu’elle ne fût commencée.

Fin janvier, le Dr Jean-Jacques Duval, président de l’Association des médecins de garde du Beaujolais, estimait que la campagne sur la PDS était inopportune. Depuis, les commentaires acerbes sur le budget de cette action, soit 500 000 euros alloués à l’Urmla par l’Union régionale des caisses d’assurance-maladie (Urcam), se sont multipliés. D’autant que l’opération a lieu au moment même où les maisons médicales de garde (MMG) de Rhône-Alpes traversent une crise financière. Pour calmer le jeu, l’Urcam a tenu à préciser à ses interlocuteurs que la campagne pour la PDS n’avait en rien «nui aux capacités de financement des MMG» et qu’elle était «intégralement financée sur des crédits de 2005».

Bilan.

Enfin, d’aucuns ont cru percevoir quelques intérêts électoraux sous-jacents à cette action. «C’est la campagne de la Csmf», avance le Dr Vincent Rebeillé-Borgella, généraliste à Lyon et délégué régional de MG-France. «C’est ridicule de dire cela», rétorque le président Csmf de l’Urmlra, «c’est comme si je disais que les réunions organisées par MG-France sur la grippe aviaire étaient des réunions électorales.» Le Dr Jacques Caton tient à rappeler que la permanence des soins fut le thème d’un des premiers colloques organisés par l’Union, au début de sa seconde mandature. «Nous sommes élus et nous devons donc finir le travail commencé», argumente-t-il. Il se déclare assez satisfait de faire parler de l’union deux mois avant les élections. «Cela permet aux médecins de savoir que l’Urml existe et qu’elle mène des actions.» A ce titre, il resterait effectivement du chemin à parcourir : certains médecins libéraux de Rhône-Alpes avouent en être encore à se demander à quoi sert ce « machin » censé les représenter.

L’actuel président de l’Urmlra estime pourtant que ce n’est pas «faute d’avoir travaillé». Parmi tous les chantiers lancés par l’Urmlra, qui dispose d’un budget annuel de 1 million d’euros, il cite les nombreuses études de démographie médicale, le dossier « Réconcilier droit et soin » mené avec d’autres Unions de France et qui a permis, selon lui, la création de l’Office national de gestion des risques médicaux. Le Dr Caton met aussi en exergue le dossier patient partagé réparti lancé en Rhône-Alpes, ainsi que l’évaluation postprofessionnelle «pour laquelle nous avons aujourd’hui le plus grand nombre de médecins habilités en France, soit cent cinquante», note-t-il.

En marge de ces travaux, l’Urml a produit de nombreuses études sur des sujets aussi divers que le dépistage du cancer du sein ou la prise en charge des patients atteints d’Alzheimer en médecine générale. Ces études néanmoins critiquées parce qu’elles sont «souvent fondées sur des enquêtes déclaratives et politiquement orientées», observe un médecin spécialiste.

Cette vision du bilan d’activité n’est absolument pas partagée par MG-France, qui se présente comme le premier syndicat de généralistes en Rhône-Alpes. «Le bilan est nul», affirme le Dr Rebeillé-Borgella. Il précise que les élus MG-France ont siégé à toutes les réunions de l’Urmlra jusqu’en 2004 ; mais «n’ayant pas la majorité absolue, nous n’avons rien pu mettre en oeuvre». Et de poursuivre : «L’union n’a jamais bien fonctionné car elle est monocolore; il faudrait redéfinir une autonomie des sections.» Entre autres choses, il reproche au bureau de l’Urml d’avoir tenté de «s’approprier le projet des MMG» sans aucune reconnaissance pour ses chevilles ouvrières, des élus de son syndicat en l’occurrence. Lorsque, en décembre 2003, le secrétaire général de l’Urml aurait tenu des propos «insultants et diffamatoires» à l’encontre de MG-France, ce fut le point de rupture. Las d’attendre des excuses, les élus concernés ont donc claqué la porte de l’union au mois d’avril suivant. Aujourd’hui, le Dr Caton préfère balayer toutes ces polémiques d’un revers de la main. Il affirme aborder les prochaines élections de manière sereine, en espérant que «les médecins auront compris qu’on a travaillé pour eux».

Voir aussi sur www.quotimed.com,
notre dossier sur les élections 2006 ( rubrique Dossiers web)

> CAROLINE FAESCH

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7942