De notre correspondant
D 'ASPECT très branché, la brochure, un document de petit format de huit pages, ne ressemble à aucune autre du genre : elle est illustrée de photos sombres, délibérément floues, que l'on devine prises lors de rassemblements musicaux nocturnes, de silhouettes de danseurs et d'une table de mixage où l'on ne distingue que la main du DJ.
Fidèle à son titre, « Faire parler la teuf »*, la brochure donne la parole aux jeunes adeptes des fêtes techno, qui expliquent clairement ce qu'évoquent à leurs yeux les termes de « vibration », « nuit », « un rite », « l'ailleurs », « the end » (la fin de la fête au matin, « féerique avec le lever du soleil, glauque avec l'arrivée des flics »...).
Des « tufers » parlent, et, par le biais de la brochure, s'adressent directement à d'autres « tufers ». Car l'autre originalité du document est d'avoir été conçu avec le concours de jeunes adeptes des rave-parties ou des free-parties, désireux d'améliorer l'information sur les lieux de rassemblement où « la prise de produits divers » n'est pas rare. Ils ont joué le jeu de la réflexion collective avec médecins et experts de la prévention.
Le document se poursuit avec une succession de textes courts consacrés aux notions de « convivialité », de « groupe », de « clandestinité », de « relations amoureuses-sexualité ». Car son objectif, explique Patrick Dessez, directeur du Centre national de documentation sur les toxicomanies, n'est pas d'asséner des recommandations, mais « d'inciter le lecteur à la réflexion et à une prise de distance vis-à-vis des risques pris lors de ces soirées ».
C'est la première fois qu'un tel outil de prévention spécifique aux soirées techno est élaboré. Il a reçu un soutien financier de plusieurs partenaires institutionnels (DDASS, préfecture de région, association spécialisée A3) et son contenu a été défini grâce au travail d'un groupe de pilotage animé depuis deux ans par des professionnels lyonnais de la prévention (Drogue Info Service, Centre Némo, association Ruptures...), sous l'égide du Centre national de documentation sur les toxicomanies (CNDT, tél. 04.72.10.94.30). Depuis quatre ans, l'association d'éducation pour la santé du Rhône (ADES, tél. 04.72.41.66.01), autre partenaire du projet, soutient l'activité de prévention des conduites à risque dans les soirées techno menées par l'association Keep Smiling (tél. 04.37.24.15.60). Elle salarie même depuis trois ans son président, pour mieux structurer cette mission. On aura compris que cette démarche n'est pas étrangère au succès de cette action de prévention.
* Teuf = fête. Tufer = adepte de la fête.
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