Les plans régionaux Santé au travail
DE NOTRE CORRESPONDANTEEN RHONE-ALPES, un salarié meurt au travail tous les six jours, dans la majorité des cas à la suite d'un accident de circulation lié à son activité professionnelle ou durant le trajet domicile-travail. C'est ce que révèlent les statistiques régionales des accidents du travail et des maladies professionnelles publiées par la Cram Rhône-Alpes. Des chiffres qui, dans une région comprenant 226 000 établissements et 2 millions de salariés, sont inacceptables.
Mais si le nombre d'accidents mortels du trajet a considérablement augmenté entre 1996 et 2000, il a décru par la suite. « Nous avons pu observer l'impact des mesures de sécurité routière entre 2000 et 2004, puisque la courbe a fortement diminué puis s'est stabilisée », indique Jérôme Chardeyron, ingénieur conseil régional à la Cram. Entre 2003 et 2004, les accidents du trajet ont même diminué de 9 %. En revanche, la durée moyenne de l'incapacité temporaire attribuée aux salariés a presque doublé entre 1995 et 2004.
Le risque supérieur dans les PME-PMI.
Au-delà des accidents de trajet, la Cram observe que, dans la région Rhône-Alpes, la tendance, en termes d'accidents du travail, est généralement à la baisse depuis trois ans. Le taux d'accidents du travail avec arrêt a diminué de près de 10 % entre 2002 et 2004. Toutefois, si la fréquence baisse, la gravité augmente : la Cram a enregistré 7 017 accidents du travail avec incapacité permanente en 2004 contre moins de 6 000 en 2002. Une analyse plus fine des résultats, en fonction de la taille des entreprises, révèle que ce sont les salariés des PME et des PMI qui demeurent les plus exposés. « Dans les petits établissements de moins de 10 salariés, il existe une grande proximité entre la décision et l'action, explique Jérôme Chardeyron ; d'où un risque plus faible d'accident. A l'autre extrémité, les grandes entreprises de plus de 200 personnes sont mieux structurées, disposent toutes d'un comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (Chsct), et même souvent d'un animateur de prévention. Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) est en tête de la liste des branches professionnelles à risque élevé, suivi d'un peu plus loin par les secteurs de l'alimentation, du bois, du papier et du textile : la manutention et les chutes représentent près des trois quarts des accidents du travail avec arrêt.
Quant au coût moyen des accidents - 3 760 euros pour un accident avec arrêt et 42 000 euros pour un accident avec incapacité permanente - il reste à peu près constant, selon la Cram. Ce qui n'est pas le cas de l'accident mortel, dont le coût moyen s'élève à 704 200 euros, en hausse de 6 % depuis trois ans.
Enfin, du côté des maladies professionnelles, l'année 2004 est marquée par une augmentation du nombre de maladies indemnisées, dont une part grandissante est représentée par les troubles musculo-squelettiques (TMS) et les lombalgies.
Prévention.
Pour tenter d'infléchir ces nouvelles tendances, la Cram a fixé quelques orientations prioritaires dans son plan régional d'action 2005-2007, déclinaison des orientations élaborées par la Direction des risques professionnels de la Cnamts. Ses efforts de prévention, mais également de formation, seront centrés sur le risque routier, les TMS et les cancers professionnels. « D'autres actions cibleront les risques spécifiques, tels que la manutention, l'explosion ou la chute de hauteur qui reste la principale cause d'accident mortel dans le BTP », précise Bernard Millet, ingénieur conseil régional.
Plus largement, la Cram Rhône-Alpes souhaite aujourd'hui faire largement savoir qu'elle dispose d'un savoir-faire en matière de prévention des risques professionnels. Comme tout assureur, elle réclame une meilleure gestion du risque de la part des entreprises.
Le plan national
Le plan national Santé au travail a été lancé en février dernier par les ministres chargés de l'Emploi, Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher (« le Quotidien » des 18 et 22). Il se donne cinq ans pour faire reculer les risques sanitaires en milieu professionnel avec un arsenal de 23 mesures, parmi lesquelles la création d'une agence indépendante chargée de l'évaluation des risques (on attend pour la fin de l'année le décret créant l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail, à partir de l'Afsse). La mobilisation de la recherche et le renforcement de la formation des professionnels de santé sont également au programme.
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