Plus de la moitié des interventions chirurgicales de l'obésité réalisées l'an dernier dans une dizaine de services de la région lyonnaise ne respectaient pas les indications édictées par les sociétés scientifiques : tel est le principal résultat, resté totalement confidentiel, d'un « sondage » réalisé par les médecins-conseils de Rhône-Alpes à partir de quelques dizaines de dossiers médicaux. Ces indications, édictées par les sociétés américaine et française de chirurgie, sont principalement le respect du niveau de surpoids à partir duquel l'intervention peut être proposée, le constat d'échec patent d'un régime diététique adapté suivi par le patient durant au moins un an, et l'obligation pour les candidats à cette chirurgie d'obtenir l'avis d'un médecin endocrinologue et de subir au préalable un examen psychiatrique.
En Rhône-Alpes comme ailleurs, la chirurgie de l'obésité fait l'objet depuis des années de vives controverses entre spécialistes, tant l'évaluation de son efficacité thérapeutique et du bénéfice à moyen terme obtenu chez les grands obèses reste discutée : les médecins-conseils de Rhône-Alpes cherchent à vérifier que les chirurgiens travaillent dans le respect des indications, à réguler les pratiques, et surtout à procéder à l'évaluation des résultats dans le cadre d'une étude nationale de la CNAM.
Car cette chirurgie spécialisée connaît une progression fulgurante : on est passé en France de quelques dizaines d'interventions de ce type en 1995 à près de dix mille en 1999. Et Lyon, où au moins une vingtaine de chirurgiens la pratiquent en routine, en est devenue la « capitale » française par le nombre annuel total d'actes notifiés aux caisses et pris en charge. Or si les études internationales d'évaluation, aux résultats parfois contradictoires, se révèlent insuffisantes pour réellement juger de son bénéfice thérapeutique à cinq ans, leurs conclusions convergent pour constater un pourcentage important de complications parfois graves survenant après l'opération, avec nécessité de réintervention (c'est le cas en moyenne chez près d'un patient sur quatre), ainsi qu'un phénomène de reprise de poids fréquent (un patient opéré sur cinq).
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