De notre correspondant
L'observatoire Rhône-Alpes du médicament a été créé en août 2000 dans le but d' « analyser les dépenses de médicaments remboursés, de rechercher les dysfonctionnements du système et de proposer des thèmes d'étude ».
Son premier rapport de cent trente pages qui vient d'être adressé au ministère de la Santé, à la Commission de la transparence et à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) analyse les 7,7 milliards de francs de remboursements qu'a représenté en 2000 la consommation régionale de pharmacie, tous régimes confondus. Une consommation en « forte évolution », souligne l'observatoire, de l'ordre de 40 % en cinq ans, pour un poste qui constitue un tiers des dépenses de médecine de ville.
Un fort pourcentage de médicaments est remboursé à 100 %, précise le document, en raison de l'ensemble des exonérations de ticket modérateur. A titre d'exemple, plus de 50 % des médicaments remboursables à 65 % le sont en réalité à 100 %. Le classement des quinze premiers médicaments remboursés permet de constater, par ailleurs, qu'à eux seuls ils représentent plus de 10 % du montant total. Les cinquante premiers médicaments regroupent, eux, plus du tiers des dépenses totales qui sont donc « très concentrées », commente l'observatoire. L'antiulcéreux Mopral représente ainsi plus de 50 % des remboursements d'antiulcéreux et arrive en tête du top 15 « alors qu'il existe un large choix de médicaments similaires sur le marché ».
Le rapport note, d'autre part, la progression de certaines familles thérapeutiques par le recours de plus en plus fréquent à des « médicaments récents et coûteux à la place de médicaments plus anciens et moins onéreux ». Ce phénomène se vérifie avec les nouveaux hypolipidémiants (Tahor, Zocor, Elisdor), et les récents antidépresseurs (Prozac et Deroxat). Dans le top 15 des produits par nombre de boîtes remboursées, ce sont les antalgiques qui se taillent la part du lion : six d'entre eux sont présents dans les dix premières places, et ils représentent au total à eux seuls près de une boîte remboursée sur dix.
Payeur avisé ?
Le rapport de l'URCAM accorde enfin une attention toute particulière aux 835 médicaments dont le service médical rendu (SMR) est jugé insuffisant, montrant chiffres à l'appui les effets pratiquement nuls de l'arrêté du 1er août (62 % des vasodilatateurs, par exemple, restent remboursés à 100 % en raison des diverses exonérations ). « L'assurance-maladie n'est plus "aveugle" », conclut l'observatoire avec force, mais elle reste payeur. Cette situation peut-elle durer ? A terme, elle doit, selon l'observatoire, devenir un « payeur avisé ».
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