A LYON, la mobilisation du 5 mars va se muer en « Première fête de la santé solidaire » : musiques et chants encadreront l'avant-première d'une pièce écrite par le collectif du Rhône (1), « le Médecin imaginaire et le Ministre malgré lui ».
Les satires du pouvoir font souvent recette, mais si le public lyonnais s'est montré particulièrement enthousiaste face à la dernière production de l'Opéra de Lyon, « le Roi malgré lui », d'Emmanuel Chabrier, qu'en sera-t-il de cette curieuse pièce qui leur sera servie demain ? Le collectif du Rhône (1), créé en janvier dernier pour contester la convention, travaille depuis plus d'un mois sur un spectacle de son cru. Plagiant Molière, il a rédigé une pièce dont le comique recouvre une dimension tragique puisqu'elle veut démontrer combien la nouvelle convention constitue « une régression socio-professionnelle pour les généralistes et une menace pour la survie d'un système de santé solidaire », indiquent les auteurs.
Elle met en scène un médecin spécialiste, particulièrement sensible à la flatterie, mais fort contrarié d'avoir affaire à un patient sans le sou, adressé par son médecin traitant ; aussi va-t-il tenter de se débarrasser du malade nécessiteux par un autre rendez-vous fixé... un 29 février !
Face aux récriminations de son patient, il n'hésitera pas à rappeler que « c'est là l'ordre des choses en notre beau pays depuis que Dousteblazius, le meilleur d'entre nous, sacrifiant sa carrière pour la raison d'Etat, s'est porté au chevet de notre beau système de soins ». Puis la comédie s'achèvera sur un compromis financier des plus douteux. Cette représentation est fixée à 15 heures en plein centre, place Antonin-Poncet, là où les Lyonnais sont très nombreux à se promener. En marge de ce « coup de théâtre », le collectif promet une atmosphère festive avec fanfare, chants et orgues de rue, pour « faciliter » la rencontre entre médecins, étudiants, associations de patients, organisations syndicales et grand public. L'objectif consiste à sensibiliser les assurés sociaux, « même si beaucoup ont déjà une suspicion légitime vis-à-vis de cette réforme », affirme le président de MG-69, Pascal Dureau. La preuve en serait notamment fournie par une très faible adhésion au dispositif du médecin traitant à la caisse de Lyon, « moins de 3 % des envois », précise ce généraliste. Depuis sa création, quatre nouvelles associations de patients et la Fédération des retraités sont venues grossir les rangs du collectif. Des médecins de départements voisins comptent s'associer à cette opération. Par exemple, ceux qui sont réunis au sein de la maison médicale de la plaine de l'Ain : en grève le 5 mars, ils ont l'intention d'intervenir auprès du public sur le marché de Bourg-en-Bresse le matin, avec prises de tension et glycémies capillaires, avant de rejoindre la fête organisée à Lyon. Au-delà de ce temps fort, « l'action politique se poursuit », tient à rappeler le Dr Dureau. D'ailleurs, MG-69 vient de demander aux généralistes de se mettre, désormais, au même tarif que leurs confrères pédiatres...
Collectif du Rhône : CGT, Cfdt, Unsa, HES, Fnath, MG-69, Snjmg, Clge, Syrel (Isnar-IMG).
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