Repères patient

Rhinite allergique : quel traitement, contre quoi?

Publié le 25/04/2014
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La rhinite allergique (RA) atteint plus d’un adulte sur cinq et doit être prise en charge efficacement pour éviter une altération de la qualité de vie.

J’EXPLIQUE

• Au-delà de la sphère ORL, plus de 9 patients sur 10 souffrant de rhinite allergique (RA) ont une qualité de vie altérée : troubles de l’humeur (40%), du sommeil et des loisirs (35 %), de la concentration et de la vie sociale (30%).

• La rhinite est dans 71% des cas intermittente (symptômes ≤ 4 j/semaine OU ≤ 4 semaines consécutives) et dans 29% des cas persistante (› 4 j/semaine ET › 4 semaines) ; légère (sommeil normal ET pas de gêne) ou modérée à sévère dans 15 à 20% (trouble du sommeil OU gêne lors des activités quotidienne OU gêne scolaire/professionnelle OU symptômes gênants).

J’INFORME

• Sur la congestion nasale, les corticoïdes nasaux sont supérieurs aux antiH1 oraux. Tous ont une efficacité équivalente, une excellente tolérance locale (quelques épistaxis) et générale à la dose minimale efficace. Leur usage nécessite un apprentissage.

• Les corticoïdes oraux peuvent être utiles contre un blocage (≤10 j) mais la voie IM n’a pas sa place.

• Les nouveaux antiH1 oraux, non anticholinergiques, non sédatifs, sont administrés une fois par jour. Les antiH1 locaux doivent

être administrés en 2 prises/j et ne sont pas efficaces sur

les symptômes oculaires. En cas de RA persistante, la voie orale est préférable. Il n’y a pas d’effet additif démontré entre corticothérapie locale et antiH1.

• La prudence est de mise avec les vasoconstricteurs, par ailleurs uniquement efficaces sur l’obstruction nasale. Leur durée d’action est courte et un phénomène d’accoutumance s’installe rapidement.

Ils sont prescrits pour 5 jours maximum, jamais en monothérapie,

à partir de 15 ans.

• Le montélukast (1 cp/j) peut soulager la RA de l’asthmatique de plus de 15 ans. Son action est plus lente que celle d’un anti-H1.

• Le bromure d'ipratropium (2 ou 3 pulvérisations nasales/j) est uniquement efficace sur la rhinorrhée de l’adulte.

• Tous ces traitements agissent ponctuellement sur les symptômes mais pas sur l’histoire naturelle de la RA.

JE PRESCRIS

• Systématiquement : éviction des allergènes -difficile pour les pollens- et irritants (tabac).

• RA intermittente légère : antiH1 local ou oral, ou montélukast.

• RA intermittente modérée à sévère ou RA persistante légère : idem ou corticoïde nasal pendant un mois. Si insuffisant : intensifier.

• RA persistante modérée à sévère : corticoïdes locaux en 1re intention, sinon antiH1. Toujours revoir 2 à 4 semaines après. Si mieux : diminuer sur ›1 mois. Si insuffisant, et après avoir vérifié le diagnostic : soit ajouter/augmenter les corticoïdes locaux, soit rajouter ipatropium nasal, vasoconstricteur ou corticoïde oral selon le symptôme prédominant. Si échec : avis spécialisé ± immunothérapie spécifique, seul traitement curatif pouvant prévenir l’apparition de nouvelles sensibilisations et d’un asthme.

• Pas d’ordonnance pour toute la durée pollinique?: la prescription doit toujours être réévaluée.

J’ALERTE

• Les patients ayant une RA ont un risque évalué à plus de 18% d’être ou devenir asthmatiques ; l’asthme doit être systématiquement et régulièrement recherché.

• Une réévaluation est indispensable en cas de RA persistante et/ou sévère, d’échec thérapeutique, d’effet secondaire, de tableau atypique : symptômes unilatéraux, obstruction nasale isolée, anosmie, douleur faciale, rhinorrhée purulente, épistaxis, fièvre.

• Face à une rhinite persistante ou intermittente modérée à sévère, un bilan allergologique est nécessaire

• La RA peut être une maladie professionnelle qui doit être dépistée le plus tôt possible afin de d’envisager une réorientation précoce et éviter l’apparition d’un asthme professionnel.

• Vasoconstricteurs et corticoïdes peuvent induire une réaction positive des tests pratiqués lors de contrôles antidopage.

JE RENVOIE SUR LE WEB

Julie Van Den Broucke (médecin généraliste, Paris) avec le Dr Isabelle Bossé (médecin allergologue, La Rochelle), présidente de l'Association de Recherche Clinique en Allergologie et Asthmologie.

Source : Le Généraliste: 2681