LA CONCERTATION sur l'assurance-maladie, menée par les ministres de la Santé et du Budget avec les partenaires sociaux et qui doit déboucher sur des annonces à la fin du mois, se poursuit – le Medef doit encore être reçu demain matin par Roselyne Bachelot et Éric Woerth.
Dans l'optique d'un retour à l'équilibre des comptes en 2011, le gouvernement et ses interlocuteurs jouent les pompiers en planchant à la fois sur des mesures immédiates et sur les leviers économiques qui s'inscriront dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2009). Les discussions se font sous forme d'entretiens bilatéraux au cours desquels des pistes sont explorées, des ballons d'essai sont lâchés… Il s'agit de ne pas provoquer une tempête semblable à celle suscitée par le plan « ALD », un temps défendu par le directeur de l'assurance-maladie, Frédéric Van Roekeghem.
Comment va-t-on, à court terme, «traquer les abus, les gaspillages, les dépenses inutiles ou redondantes», selon les propres termes d'Éric Woerth, et, à plus longue échéance, trouver les milliards d'euros manquants (4 milliards dès 2009) pour boucher le trou de l'assurance-maladie ? Les solutions ne sont pas forcément légion, et ce n'est donc pas une surprise qu'ait resurgi, à la faveur de cette concertation, l'idée d'une nouvelle augmentation du ticket modérateur. Testée notamment auprès des usagers (représentés par le CISS) et de la CGT, la proposition reste floue. «Les deux ministres ont évoqué l'augmentation du ticket modérateur comme une piste comme une autre (…) sans vraiment argumenter sur le sujet», a expliqué lundi Daniel Prada (CGT) à l'issue de sa rencontre avec Roselyne Bachelot et Éric Woerth, regrettant de n'avoir «pas de détail». Actuellement, le montant du ticket modérateur (c'est-à-dire du reste à charge pour l'assuré ou pour son assurance complémentaire après le remboursement par l'assurance-maladie) représente par exemple 30 % du prix d'une consultation chez le médecin traitant généraliste conventionné. L'augmenter, c'est reporter une partie des dépenses sur l'assuré et/ou les complémentaires.
Une proposition de la FFSA.
Des complémentaires qui sentent bien le sens du vent. En témoignent les propos tenus samedi dernier par le président de la FFSA (Fédération française des sociétés d'assurance), Gérard de La Martinière, dans les colonnes du « Parisien ». Sans prendre de gants, le représentant des assureurs privés a demandé au gouvernement de confier le remboursement des soins d'optique et dentaires aux compagnies d'assurances, laissant la Sécurité sociale se concentrer sur les maladies graves. Les complémentaires santé «remboursent déjà en grande partie sans avoir leur mot à dire» des blocs comme l'optique ou le dentaire, a-t-il fait valoir, expliquant : «Nous avons demandé si le gouvernement est prêt à évoluer dans ce sens, d'ici un ou deux ans, avec transfert réel de responsabilités et liberté de négocier avec les prestataires de santé. »«Si oui: nous ferons des efforts», a-t-il ajouté, précisant toutefois qu'il était «un peu sceptique» concernant la réponse, «car une nouvelle fois la réflexion se fait dans l'urgence». Pour Gérard de La Martinière, «si l'on veut préserver l'acquis de la protection sociale à la française, il faut recentrer la Sécurité sociale sur les vrais enjeux de solidarité nationale».
La loi SPT se construit en parallèle
Les concertations se superposent. En même temps qu'elle défriche le dossier de l'assurance-maladie avec Éric Woerth, Roselyne Bachelot continue de construire sa future loi Santé, patients et territoires (voir aussi ci-dessous) en rencontrant professionnels de santé et partenaires sociaux. Il y a quelques ratés : le rendez-vous que la ministre avait hier avec les représentants de praticiens hospitaliers a été reporté à fin août ou début septembre. Aujourd'hui, ce sont les confédérations syndicales et les employeurs qui doivent être reçus au ministère.
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