Deux études sur les rechutes ou résistances

Revlimid améliore la survie dans le myélome

Publié le 18/01/2006
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LE LENALIDOMIDE est un analogue du thalidomide, commercialisé sous le nom de Revlimid (Laboratoires Celgene). Ce produit appartient à la nouvelle classe thérapeutique des « IMiDs », possédant un effet immunomodulateur et la capacité d’inhiber la formation de nouvelles cellules, en particulier au niveau de l’hématopoïèse et de l’angiogenèse (Pr Meletios Dimopoulos, Athènes). L’effet du produit est en cours d’évaluation dans plusieurs types de cancers. On enregistre des résultats dans deux types de cancers hématologiques difficiles à traiter, le myélome multiple et la leucémie myéloïde chronique, ainsi que dans des syndromes myélodysplasiques.

Le 47e Congrès de l’American Society of Hematology (ASH, Atlanta) a été l’occasion de faire connaître les derniers résultats cliniques obtenus avec le Revlimid dans le myélome multiple.

Le Pr Meletios Dimopoulos a présenté les deux études pivots, chez des patients atteints de myélome multiple qui avaient déjà reçu une ou plusieurs lignes de traitement, et portant sur l’évaluation de Revlimid associé à la dexaméthasone à haute dose (traitement standard des myélomes en rechute ou réfractaires). Ces deux essais pivots sont des études de phase III randomisées, en double aveugle contre placebo.

Délai moyen avant progression : 49 semaines.

L’essai international MM-010 a montré une amélioration statistiquement significative du délai moyen avant progression, atteignant 49 semaines pour les patients traités par Revlimid plus dexaméthasone contre 20 semaines dans le groupe dexaméthasone plus placebo (p = 0,001).

Les résultats les plus récents de l’étude ajoutent à cela en faveur du Revlimid : une augmentation du taux de réponse (59 % versus 24 %, p < 0,001), une augmentation des réponses complètes ou presque complètes (17 % versus 4 %, p < 0,001). Enfin, une amélioration significative de la survie globale (p = 0,013), dont les limites n’étaient pas atteintes lors de l’évaluation intermédiaire et qui dépassaient les 104 semaines obtenues avec l’association dexaméthasone plus placebo (derniers résultats intermédiaires arrêtés à juin 2005 de l’étude pivot nord-américaine MM-009).

Les effets indésirables sont bien caractérisés. Les plus importants sont : neutropénie, thrombocytopénie, thrombose veineuse, embolie pulmonaire, constipation et diarrhée.

«L’amélioration remarquable de la survie globale obtenue sous Revlimid dans l’essai MM-009 constitue un progrès considérable», souligne le Pr Dimopoulos. Il rappelle les difficultés à traiter le myélome multiple, «qui déjoue les efforts des cancérologues et des patients par la fréquence des rechutes».

Un comité de pilotage indépendant a décidé l’arrêt des deux essais dans leur protocole initial, en raison de «la qualité des résultats, qui dépassent le seuil préétabli pour l’arrêt en se fondant sur le critère principal d’évaluation». De nombreux patients avaient eu au moins trois lignes de traitement et la moitié de l’effectif des études avait subi une transplantation de cellules souches.

Dans les syndromes myélodysplasiques, la FDA vient d’accorder son autorisation pour Revlimid «dans le traitement des patients souffrant d’une anémie nécessitant une transfusion due aux syndromes myélodysplasiques à faible risque et à risque intermédiaire, associés à une anomalie cytogénétique de délétion 5q, avec ou sans anomalies cytogénétiques supplémentaires». Les résultats de l’essai de phase III concernant 148 patients ont fait la démonstration de l’effet du produit dans cette situation (Dr Alan List, Tampa, Floride).

Le produit va être disponible à travers « RevAssistsm », un programme d’information et de sécurité de prescription.

Dans la leucémie lymphocytaire chronique, la première étude montrant une activité de Revlimid (étude de phase II, chez 29 patients) a été présentée. Il s’agit de malades ayant une LLC réfractaire ou en rechute. Les patients ont reçu le produit pendant 21 jours. L’évaluation après 12 mois chez 17 patients montre deux rémissions complètes, neuf partielles et cinq stabilisations de la maladie. «Ces résultats sont encourageants et donnent la preuve d’une activité du lenalidomide dans la LLC», indiquent les chercheurs du Roswell Park Institute (Etats-Unis).

Des investigations sont par ailleurs menées dans la myélofibrose et dans l’amyloïdose systémique primitive. Les résultats des essais préliminaires sont d’ores et déjà encourageants.

&gt; Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7880