Le sujet est sans doute un peu indigeste, mais révélateur d’oppositions de fond en ce début de XXIe siècle, où toutes les avancées, toutes les manipulations, toutes les mutations semblent à portée d’éprouvettes. À un an de la présidentielle, le gouvernement se serait sans doute bien passé de rouvrir le débat sur la révision de la loi de bioéthique. Mais il n’a pas eu le choix : l’obligation de révision quinquennale, et l’urgence de trouver un cadre pérenne pour des recherches sur les cellules embryonnaires qui à défaut tombaient hors la loi l’ont obligé à sortir du bois. Il s’est donc résolu à légiférer, mais sur la pointe des pieds. Son projet de loi ne réforme donc pas grand-chose et, hors des cercles scientifiques ou militants, ne passionne guère l’opinion. Tout au plus retiendra-t-on qu’il facilite à la marge la PMA, le don de gamètes et d’organes.
Un bon gros texte en définitive, mais qui présente l’inconvénient de mécontenter beaucoup de monde. Depuis le début de la procédure parlementaire, on va donc d’amendements en amendements et de surprises en surprises. Et si le projet gouvernemental a finalement été voté mardi en deuxième lecture par les députés sans trop d’égratignures, nombre d’élus UMP semblent s’être exécutés un peu de mauvaise grâce. Dans la France de 2011, tout ce qui touche aux questions de société paraît en effet très clivant. Et pas seulement entre gauche et droite. On pourrait y voir un affrontement entre conservateurs et progressistes, entre rigoristes et libres-penseurs, entre cathos et francs-maçons, et pour finir entre… députés et sénateurs, tant la Haute Assemblée joue les francs-tireurs dans ce débat. Elle reprend la main la semaine prochaine. Ça promet…
Qu’il s’agisse de la légalisation de l’euthanasie, du statut de l’embryon, du dépistage prénatal, de l’accès plus ou moins libre à la PMA, une ligne invisible sépare en effet l’Hexagone en deux familles de pensée. Schématiquement, l’une privilégie l’autonomie, la liberté et le droit de chacun à disposer de son corps : interdit d’interdire ! L’autre, plus normative, met en avant la nécessité d’une pédagogie collective, et le devoir de la société de poser des garde-fous pour protéger les plus vulnérables. À l’évidence, la première gagne du terrain, année après année, mais le projet gouvernemental se rattache plutôt à la seconde. Dans ces conditions, pas étonnant que sur le sujet le gouvernement paraisse toujours un peu sur la défensive.
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