Il relève du bon sens qu’annoncer à un patient qu’il a un cancer est plus « pénible » que de lui prendre sa tension. Est-ce bien sûr ?… Est pénible ce qui demande du temps pour être accompli (par exemple les efforts physiques, qualifiés ordinairement de « pénibles », le sont car le travail est à accomplir dans un temps donné et ne le serait plus si la durée de leur réalisation était étalée à l’infini). À ce titre, les deux actes sont aussi « pénibles »
Après si l’on juge la pénibilité à l’aune de ce qui est plus « délicat » pour nous médecins d’accomplir on peut se demander pourquoi on a choisi ce métier. En effet, celui qui s’y serait engagé pour éviter ses aspects « pénibles » ferait bien de se remettre en question sur son orientation. Après tout, si la vue du sang ou les odeurs des hôpitaux l’incommodent, soit il entreprend une désensibilisation soit il songe à d’autres fonctions. Soigner un enfant ou un vieillard ne « mérite » pas une surtaxe par rapport à un adulte ; ce sont deux actes médicaux pour lesquels nous avons été formés et qui présentent le même investissement professionnel et affectif.
Parmi les qualités requises pour être un médecin il y a la capacité que nous avons d’absorber des « patates chaudes » sans les « refiler » instantanément et nécessairement à autrui. Soit cette vertu est innée et détermine une vocation (de plus en plus rare). Soit elle est acquise par l’expérience et constitue une qualité professionnelle essentielle que notre éthique ne doit pas accepter d’être valorisée pécuniairement ou alors nous irons bientôt réclamer des primes à l’honnêteté, à la probité, au respect du serment d’Hippocrate et bientôt s’installera un système de rémunération reposant sur le rendement, c’est-à-dire que, en faisant le bon diagnostic on sera plus payé qu’en cas « d’erreurs » médicales !
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