De notre correspondant
La moitié des enfants français ne sont jamais vus par un pédiatre, le médecin spécialisé qui est, en principe, le mieux formé pour cette tâche.
Paradoxalement, une proportion non négligeable de pédiatres, notamment les libéraux, mais aussi les hospitaliers, y compris aux urgences, sont accaparés par la prise en charge de bon nombre d'enfants dont les pathologies bénignes pourraient tout à fait être assumées par les généralistes, ce qui est d'ailleurs déjà fréquemment le cas.
Comment sortir de cette contradiction préjudiciable à une bonne organisation des soins ? Et comment recentrer la spécialité sur certaines de ses missions, comme la prévention des anomalies de la croissance et le dépistage des troubles du développement, pour faire en sorte que le maximum d'enfants puissent bénéficier de son expertise ? En clair, comment mieux exploiter les compétences d'une discipline qui ne représente que 3 % des médecins et qui devrait théoriquement prendre en charge les problèmes de santé des 18 % de Français qui sont âgés de moins de 18 ans ?
C'est à ces questions que les Assises de la santé de l'enfant et de l'adolescent organisées à Lyon ont tenté de répôndre. Inquiets pour leur avenir immédiat, tant en ce qui concerne leur nombre, leur formation que leur rémunération les pédiatres n'ont pas manqué de mettre en avant leur rôle dans la prévention et les soins.
Pour préparer cette réunion, le comité d'organisation avait accompli un solide travail de préparation. La discussion n'en fut que plus vive, en l'absence, amèrement regrettée à plusieurs reprises, d'un représentant du ministère de la Santé.
Propositions aux pouvoirs publics
Pour que cette réunion n'apparaisse pas seulement comme une litanie de dysfonctionnements, les assises de Lyon ont fait la part belle aux réflexions prospectives : sortant du simple discours revendicatif, les pédiatres ont aussi débattu de propositions concrètes concernant tous les thèmes d'actualité, et qui vont être soumises à Bernard Kouchner dans les prochaines semaines.
La question des urgences, par exemple, est la plus récurrente et la plus aiguë : comment tenter d'enrayer la forte inflation que l'on connaît depuis déjà dix ans - + 5% chaque année - du nombre des consultations non programmées à l'hôpital ? Education des parents par des campagnes d'information, participation des libéraux, sur site, aux urgences hospitalières, création de cabinets d'accueil, comme cela existe déjà pour la permanence de soins des généralistes dans certains quartiers, toutes sortes de solutions, plus ou moins réalistes ou rapides à mettre en place ont été proposées. Et plusieurs expériences locales de réseaux ville-hôpital évoquées.
( 1 ) Société française de pédiatrie, Association française de pédiatrie ambulatoire, Association des juniors en pédiatrie, Syndicat des pédiatres français, Collège des pédiatres des hôpitaux, Collège des professeurs de pédiatrie, Syndicat national des pédiatres en établissements hospitaliers.
Qui prend en charge les urgences pédiatriques ?
Dans la perspective de la création d'un réseau de soins à Lyon, une enquête sur les urgences pédiatriques a été menée dans l'agglomération de façon exhaustive (hôpitaux, ville, SOS-Médecins, garde pédiatrique libérale, cliniques, pédiatres, généralistes), avec questionnaire aux parents et aux médecins.
Six sites hospitaliers, dix cliniques, trente gardes de secteur, six cent trente-trois généralistes, quatre-vingt-onze pédiatres et quinze praticiens de SOS-Médecins ont été interrogés. Les premiers résultats de ce chiffrage exhaustif établi le 31 avril 2001 ont été rendus publics lors des assises de Lyon ; ils montrent que ce sont les médecins généralistes, loin devant l'hôpital, les pédiatres et les cliniques, qui prennent en charge l'essentiel (les deux tiers), des consultations non programmées. Le dépouillement des questionnaires indique qu'environ 50 % de ces consultations en urgences sont considérées comme « injustifiées » ou « non médicalement justifiées a posteriori » par les professionnels.
Côté parents, les taux de satisfaction de la prise en charge enregistrés un mois après la consultation vont de 99 % pour les généralistes à 83 % pour les consultations hospitalières.
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