« Dans 3 cas sur 4, les patients atteints de pathologie prostatique souffrent déjà de troubles sexuels avant tout traitement. Notamment, de dysfonction érectile dans 70 % des cas. Mais si ces troubles sexuels sont liés aux manifestations urinaires et corrélés avec leur intensité, les patients ignorent cette relation : ils y voient un effet du vieillissement », souligne le Pr Stéphane Droupy (Nîmes). L’urologue insiste sur l’importance d’ouvrir le dialogue sur les problèmes sexuels avec un patient qui consulte pour des troubles urinaires liés à une hypertrophie bénigne de prostate, mais aussi avec le patient qui va être traité (chirurgicalement ou dans un protocole de surveillance active) pour un cancer de la prostate.
Un sujet à aborder immédiatement
La prise en charge médicale globale a pour objectif de réduire les troubles urinaires mais aussi sexuels, afin d’améliorer la qualité de vie. « Il faut aborder la question des troubles sexuels immédiatement - même si, dans le cas d’un cancer, la priorité est au traitement - car le problème viendra au premier plan lorsque le patient sera guéri » conseille le Pr Droupy. De même, pour préserver ou restaurer la qualité de vie sexuelle du couple, souvent déjà altérée, il faudra dépister une éventuelle dysfonction sexuelle chez la partenaire. En effet, 42 % d’entre elles souffrent de troubles du désir, 13 % de sécheresse vaginale, et 14 % de troubles de l’orgasme. Ces femmes souvent en détresse doivent également être prises en charge par le sexologue avec leur conjoint. Le couple sera ainsi préparé précocement à la rééducation érectile qui devra débuter dans les 3 mois après le traitement. Cette rééducation repose sur le retour des érections, avec ou sans activité sexuelle. Le spécialiste pourra adjoindre la prescription d’IPDE5, injections intra-caverneuses, ou vacuum, voire d’implant pénien en l’absence de récupération érectile après 18 à 24 mois. « L’objectif est de permettre une oxygénation précoce du corps caverneux et d’éviter la rétraction du pénis, le temps nécessaire à la régénération nerveuse en post-opératoire, mais aussi de retrouver une qualité de vie sexuelle adaptée à chacun » conclut Stéphane Droupy.
Dans l’HBP, le patient sera informé par son médecin du lien pré-existant entre troubles urinaires et troubles de l’érection, mais aussi du fait que le traitement des troubles urinaires peut engendrer des troubles sexuels, réversibles en cas de traitement médicamenteux. Après chirurgie, la fonction érectile est préservée ou améliorée dans 80 % des cas. Une éjaculation rétrograde peut survenir, mais n’altère pas les facultés orgasmiques. « Il est important de préparer le patient à une possible modification de ses orgasmes, en qualité et en intensité, souligne le Pr Droupy.
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