L'INSTITUT LILLY soutient la recherche fondamentale dans les domaines de la psychiatrie, de la neurologie, de la cancérologie, de l'urologie, du diabète grâce à l'attribution de bourses (250 chercheurs depuis sa création, attribution de 90 prix de formation), et s'attache également à développer des programmes d'éducation et de formation pour les professionnels de santé ainsi que, démarche originale, pour les patients et le grand public.
Le colloque cancer du sein et qualité de vie entre dans le cadre de ces rencontres. Il a été co-organisé par l'association Etincelle qu'a créée la journaliste Josette Rousselet-Blanc. Installée dans le centre de santé municipal d'Issy-les-Moulineaux, Etincelle offre aux femmes la possibilité de préserver leur image et leur féminité si bousculées au cours de la maladie. Certaines demandent des soins esthétiques ou des conseils de coiffure, de pose de foulard, de turban, d'autres s'abandonnent aux bienfaits des massages (ici de la réflexologie). Les femmes peuvent consulter sur place une diététicienne, ou un dermatologue, trouver quelqu'un à qui se confier en la personne d'un psychologue ou assister aux groupes de parole. Toutes ces « prises en charge » (gratuites au demeurant), de celles qui pourraient paraître les plus futiles aux plus thérapeutiques, participent au retour à une vie comme avant qu'elles n'envisageaient plus. « L'entrée dans le traitement est une plongée dans l'inconnu, la salle de chimio, ça bouleverse les plus solides. C'est un environnement triste, silencieux où plane une odeur fade, écœurante. Pendant la cure, les femmes se sentent entre parenthèses, fatiguées, frustrées. Si elles arrêtent de travailler, elles perdent leurs liens sociaux, aussi certaines d'entre elles continuent-elles, pour se prouver qu'elles sont vivantes. Il faut beaucoup de courage pour traverser ces six mois de traitement, on vit au milieu de gens débordés, on s'inquiète pour l'entourage, les enfants surtout. Grâce à Etincelle, les femmes se sentent écoutées, comprises. Etincelle ça n'est pas un miracle, mais ça aide », témoigne Josette Rousselet-Blanc.
Rassurer sur les traitements.
Avec un langage volontairement accessible et beaucoup d'empathie, les médecins ont tenté de rassurer, en insistant sur la qualité, en l'état actuel, des traitements et des prises en charge, résultant toujours de décisions collégiales. « L'oncologue fait partie de la conspiration de la peur, admet le Dr David Coeffic, de Grenoble, mais le processus de décision est très ample, très lourd, il n'y a pas un cancérologue qui décide dans son coin. Le traitement est toujours un choix adapté au cas de la patiente. Lorsqu'il s'agit d'un cancer du sein précoce nous allons tout faire pour réduire le risque de récidive ; s'il s'agit d'une rechute nous allons tenter de réduire l'impact de la maladie et des traitements. » Aux femmes qui s'interrogeaient sur l'opportunité d'une chimiothérapie après le succès d'une chirurgie, le Dr Coeffic a expliqué la nécessité d'aller débusquer les micrométastases, en précisant que le cancer ce n'est pas qu'une boule, « qu'il a la potentialité d'aller ailleurs, que c'est cet ailleurs qu'il faut éradiquer ».
Le Dr Yazid Belkacemi, radiologue au centre Oscar-Lambert de Lille a, lui, insisté sur le fait qu'on ne devrait plus avoir peur de la radiothérapie ni des appareils, que la technologie a considérablement évolué ces dernières années, délivrant la dose de rayons au bon endroit en préservant les organes alentour. « Aujourd'hui, on ne rate plus sa cible avec les accélérateurs multilames, on dépose les rayons sur la tumeur. On a également mis au point les irradiations hypofractionnées, grâce à un petit ballonnet introduit à l'intérieur de la cavité... Toutes ces innovations nous permettent de mieux définir le volume cible, de réduire la toxicité de l'irradiation ainsi que sa durée de 5 semaines à 15 jours », a-t-il précisé.
Le Dr Pascale This, endocrinologue gynécologue de l'institut Curie, à Paris, a pour sa part évoqué les problèmes inhérents, particulièrement, aux traitements des tumeurs hormono-dépendantes : bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, prise de poids. Elle a surtout rassuré les femmes jeunes (35-45 ans) sur la possibilité de maternité après un cancer et évoqué la possibilité de congélation des tissus ovariens en vue d'une procréation après les traitements.
Il y a donc un après-cancer. « Il faut retrouver le plaisir de vivre et l'estime de soi », dit Josette Rousselet-Blanc. Et, citant Woody Allen : « Il n'y a que l'avenir qui m'intéresse car c'est là que j'ai l'intention de passer mes prochaines années. »
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