Les fonctionnaires sont descendus par milliers dans la rue à Paris et en province lundi, pour protester contre le projet de loi sur les retraites. Le gros des troupes était représenté par les enseignants et les personnels de santé.
D'après la CMH (Coordination médicale hospitalière), la mobilisation dans les hôpitaux a été importante. Pour la CFTC, au contraire, la mobilisation n'a pas été très forte. Explications d'André Hoguet : « Le lundi est une journée très chargée à l'hôpital, les gens sont donc venus travailler. Ils étaient moralement dans le mouvement, mais physiquement au boulot. »
A Sud Santé, on parle de « frémissements ». « Les gens ont préféré tenir des assemblées générales, faire des débats plutôt que de descendre dans la rue », d'après Irène Leguay, qui a toutefois noté quelques exceptions en région parisienne. Ainsi, il y aurait eu 80 % de grévistes, et 325 assignations à l'hôpital d'Avicenne (93), de l'Assistance publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP). « Ça a bien bougé également dans certains CHU de province, comme Angers et Tours », toujours selon Irène Leguay.
Un projet stoppé
A Paris, la pluie n'a pas stoppé le cortège, qui s'est arrêté vers midi aux abords du ministère de la Fonction publique d'Etat, où se tenait un Conseil supérieur de la fonction publique d'Etat, avant de repartir en direction de l'Avenue de Ségur. Au pied du ministère de la Santé, les manifestants ont par centaines exprimé leur volonté de « défendre et améliorer les retraites, les pensions et les services publics », tandis que se déroulait le Conseil supérieur de la fonction publique hospitalière.
La réunion ne s'est pas bien passée. Les délégations des fédérations santé de FO, la CGT, l'UNSA, la CFTC, SUD et le SNCH (Syndicat national des cadres hospitaliers) ont lu en ouverture de séance une déclaration commune demandant le rejet du projet de réforme de l'ordre du jour. « A cause de l'allongement des cotisations et du système de décote, la réforme va pénaliser la quasi-totalité des agents hospitaliers, qui, en moyenne, partent à la retraite au bout de vingt-huit ans, rappelle Bernard Coquet, de FO Santé. Même si certains points rejoignent nos propositions, pour les aides-soignants, notamment, rien n'est fait pour les autres. Voilà pourquoi nous avons refusé d'amender le texte et nous avons demandé son rejet dans notre déclaration commune ainsi que la réouverture des négociations. » La demande a été rejetée par Jean-François Mattei. La plupart des syndicalistes ont alors quitté le Conseil supérieur de la fonction publique hospitalière pour marquer leur désaccord. Seul un représentant par délégation est resté, à l'exception des représentants de la CFDT, restés au complet.
La réunion s'est achevée fort tard, mais, dès sa sortie anticipée du conseil, Bernard Coquet était persuadé d'en connaître la fin : « La plupart des participants voteront contre, comme au Conseil supérieur de la fonction publique d'Etat », déclarait-il en fin d'après-midi. « Ce qui ne changera rien, vu qu'il s'agit d'un vote purement consultatif. Le projet de loi sera ensuite revu au Parlement qui fera ce qu'il veut », ajoutait-il à regret. Le conseil confédéral de la CFTC a décidé, de son côté, de déposer une motion d'amendements au projet de loi auprès des députés qui examineront le texte au début de juin. Un passage au conseil des ministres est également prévu le 28 mai.
La mobilisation dans les hôpitaux doit se poursuivre cette semaine. Une assemblée générale avec les agents de l'ensemble des hôpitaux franciliens (AP-HP et hors AP-HP) aura lieu demain à la Pitié-Salpêtrière, pour décider notamment de la conduite à tenir dimanche, journée d'action nationale des fonctionnaires.
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