Retraites : les personnels hospitaliers jugent très insuffisantes les propositions du gouvernement

Publié le 28/04/2003
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Le ministre des Affaires sociales, François Fillon, a eu un mot particulier pour les infirmières et les aides-soignantes des hôpitaux publics, lors de son allocution télévisée sur la réforme des retraites, la semaine dernière.

Pour elles comme pour certaines autres catégories professionnelles, il a annoncé que le principe de la réforme serait adapté. Peut-être une façon de préserver ces professions touchées de plein fouet par la pénurie.

Adaptations possibles

Des dispositions particulières seront prises pour les infirmières, a donc annoncé le ministre, sans donner plus de détails. Quant aux aides-soignantes, l'intégration de leurs primes (30 % à 40 % de leurs revenus) dans leur salaire va faire l'objet de prochaines négociations.
De quoi satisfaire a priori les fédérations santé des syndicats de personnel, qui réclamaient la prise en compte des spécificités et de la pénibilité du travail à l'hôpital.
En fait, la satisfaction est loin d'être au rendez-vous. « C'est très insuffisant, déplore Irène Leguay, secrétaire générale de Sud-Santé. Les rares dispositions exposées sont très floues, on n'a aucun engagement formalisé sur la nécessaire hausse des pensions. » Si le ministre a annoncé des adaptations possibles pour les soignants hospitaliers, « c'est uniquement dans le but de faire avaler une pilule bien amère », est-elle convaincue. « On sait tous que l'allongement de la durée de cotisation va faire chuter de 20 % les pensions, or on n'a aucune mesure compensatrice en parallèle telle qu'une hausse des salaires. »
La critique ne s'arrête pas là. « Le cadre de réflexion présenté est limité aux infirmières et aux aides-soignantes, constate Irène Leguay . Le ministre oublie tous les autres métiers de la fonction publique hospitalière - agents hospitaliers, kinés, laborantins... -, qui sont aussi très pénibles. »
A la Fédération Santé de la CFTC, on est tout aussi remonté. « La durée moyenne de cotisation de l'ensemble des personnels hospitaliers est de vingt-six ans », souligne le secrétaire général Bernard Sagez. « Non seulement leurs pensions vont rudement baisser avec le système de décote, mais en plus, ils ne profiteront jamais de la surcote ! », s'indigne-t-il. La CFTC Santé n'a rien a priori contre l'idée de prolonger les carrières des volontaires au-delà de 60 ans. Mais à une condition : que les soignants aient la possibilité de se reconvertir à partir de 50 ans dans une activité moins pénible, loin du lit des malades. Une condition que François Fillon n'a nullement évoquée jeudi soir. Déception donc du côté de la CFTC.
L'appréciation du discours ministériel est tout autre à la Fédération hospitalière de France (FHF). L'institution se dit « plutôt satisfaite, car François Fillon semble vouloir prendre en compte les spécificités du système hospitalier ». Pour la FHF, « la réforme va dans le bon sens ». Elle mise sur les négociations à venir pour redire au gouvernement ses priorités : création d'une complémentaire obligatoire commune aux agents hospitaliers et aux médecins, prise en compte des années d'études, maintien des avantages familiaux.

Les grandes lignes de la réforme

Le ministre des Affaires sociales a précisé sur France 2 ses intentions sur le niveau des pensions et les conditions de départ à la retraite.
Principale annonce : il y aura bien une harmonisation de la durée de cotisation des fonctionnaires sur les 40 ans du privé d'ici à 2008, au rythme de deux trimestres par an pendant cinq ans. Puis il y aura un allongement des durées de cotisation du public et du privé, à 41 ans en 2012, et à 42 ans en 2020.
Le niveau des retraites, ensuite : les salariés ayant passé toute la vie au SMIC toucheront une retraite « au moins à 75 % du SMIC ». Pour tous les Français, le ministre garantit une retraite « en moyenne égale aux deux tiers de leur revenu de référence ». Soixante ans reste l'âge légal de départ à la retraite. Un système de bonus (surcote) fixé à 3 % par an est instauré pour ceux qui veulent aller jusqu'à 65 ans. Ceux qui ont commencé à travailler à 14 ou 15 ans pourront partir à 58 ans, dès lors qu'ils auront 40 ans de cotisation.

Delphine CHARDON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7325