L'âge d'or est terminé, martèle le Dr Gérard Maudrux dans l'éditorial du prochain bulletin annuel de la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF), qui sera envoyé dans quelques jours aux 160 000 médecins libéraux affiliés au régime de retraite.
Dans cette publication, le président de la caisse ne s'embarrasse pas de propos sibyllins : « Aujourd'hui, on paye plus qu'hier, c'est un fait que nous ne pouvons pas changer ; demain, nous toucherons moins qu'aujourd'hui, c'est une autre vérité incontournable », affirme le Dr Maudrux. « A nous de faire en sorte que la transmission ne soit pas trop dure des deux côtés. »
Dans son éditorial, le président de la CARMF se défend d'avoir suscité un conflit de générations entre cotisants et retraités (notamment en proposant la fermeture du régime de l'allocation supplémentaire de vieillesse ou ASV). Lorsque le conseil d'administration de la CARMF baisse la valeur des points, il le fait « pour tous, allocataires et futurs allocataires » et « dans un seul but : maintenir le plus longtemps possible l'équilibre financier le plus équitable qui soit entre les différentes générations », plaide le Dr Maudrux. « Cet équilibre est menacé non par des individus ou une quelconque idéologie, mais par un déséquilibre démographique, seul responsable d'un passé excellent, du présent moyen et de l'avenir incertain de nos retraites. »
Les faibles réserves de l'ASV
Cette année, le bulletin de la CARMF contient un « dossier spécial statistiques » de douze pages. On y apprend que la retraite moyenne versée en 2001 est de 15 322 F par mois (2 335,82 euros). En 2000, le régime complémentaire représentait 43,5 % de la retraite totale moyenne versée aux médecins libéraux (contre 58,5 % vingt ans plus tôt), la part du régime ASV correspondait à 38,8 % (contre 22,8 % en 1980), celle du régime de base restant stable à 17,7 %.
La CARMF compare l'évolution du rendement instantané de chacun des régimes (c'est-à-dire le rapport entre l'annuité de retraite procurée par la cotisation versée pour une année donnée et le montant de cette cotisation). Après avoir culminé à plus de 50 % au début des années 1980, le régime ASV a maintenant un rendement de 13,30 %, contre 7,68 % pour le régime complémentaire et 6,99 % pour le régime de base. Aujourd'hui, un médecin libéral doit percevoir sa retraite pendant six ans (tous régimes confondus) avant de récupérer l'ensemble des cotisations qu'il a versées. Ce « délai de récupération glissant » a doublé en vingt ans. Actuellement, pour le seul régime ASV, les médecins récupèrent en seulement trois ans et trois mois leurs cotisations, du fait de la participation des caisses d'assurance-maladie au paiement des cotisations.
Mais le problème avec l'ASV, ce sont ses faibles réserves qui ne dépassent pas six mois, comme pour le régime de base, alors que le régime complémentaire a en réserve l'équivalent de trois ans et neuf mois d'allocations.
A partir de ses propres données, la caisse fait le point sur les revenus moyens non salariés des médecins cotisants (leur évolution, leur ventilation par spécialité, par sexe). Un graphique retrace aussi l'évolution de la valeur du C en fonction de l'inflation : la CARMF « constate que le pouvoir d'achat du C a progressé » puisque le C, qui valait 10 F en 1960, serait aujourd'hui à 82,95 F (et non à 115 F) s'il avait été indexé seulement sur l'inflation.
Une solution pour le MICA
Selon la CARMF, les trois quarts (76 %) des médecins libéraux bénéficiaires du mécanisme d'incitation à la cessation anticipée d'activité (MICA) ont pris leur préretraite notamment parce qu'ils ne supportaient plus « le côté administratif de l'évolution de la médecine ».
La CARMF publie, en effet, la synthèse des réponses à un questionnaire rempli par 1 439 médecins candidats au MICA entre janvier 1999 et juillet 2001. Vingt et un pour cent des médecins sondés ont mentionné parmi leurs motivations qu'ils ne « se sentaient plus, à leur âge, en état de poursuivre leur exercice » et 8 % d'entre eux ont indiqué qu'ils « n'étaient plus compétitifs sur le plan médical et qu'ils devaient laisser leur place à d'autres ». Sept pour cent invoquent aussi « des conditions de travail difficile ».
64,7 % des médecins interrogés avaient touché un revenu moyen conventionnel net inférieur à 400 000 F au cours de leurs trois dernières années d'activité. Les deux tiers n'envisageaient pas de reprendre une autre activité (25 % y étaient favorables et 9 % n'ont pas donné de réponse).
Enfin, 30 % des médecins ont déclaré avoir une activité salariée médicale et environ 3 % une activité salariée non médicale.
Retraite moyenne versée en 2001
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En francsEn euros
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par mois15 3222 335,82
par trimestre45 9677 007,62
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Evolution de la retraite annuelle moyenne par régime
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RégimeRégimeRégime
Annéede basecomplémentaireASVTotal
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198013 015 F40 720 F15 872 F69 607 F
198522 476 F62 239 F34 460 F119 174 F
199027 351 F72 623 F49 200 F149 174 F
199530 742 F81 708 F66 351 F178 802 F
200032 380 F79 368 F70 910 F182 658 F
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