Retour vers le futur

Publié le 18/12/2009
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Ah, les années 2000 ! Il y a trente ou quarante ans, quels fantasmes n’ont-elles pas nourries ? Ceux qui étaient gamins en 1970 ou 1980 s’en souviennent : tout un univers futuriste, féérique et ludique se projetait sur le début du troisième millénaire. Aujourd’hui encore des enseignes familières -célèbre station de sports d’hiver, chaîne de magasins de sports ou réseau national d’opticiens- gardent la trace de l’an 2000. Souvenirs, souvenirs... Maintenant qu’elle est derrière nous, cela fait tout drôle de porter sur cette décennie magique un regard circonstancié. Ces années ont été numériques, informatiques, nanotechnologiques, biogénétiques, et marquées par la technologie du sans fil. Qui l’eût cru finalement à la fin des Trente Glorieuses ?

La santé est l’une des bénéficiaires de ces prouesses, le bilan que nous proposons cette semaine en témoigne. L’obstétrique, la chirurgie, la cancérologie ou la cardiologie sont, entre autres disciplines, emblématiques de ces innovations qui ont accompagné le début du XXIème siècle. On dépiste avant la naissance. On opère sans inciser. On revascularise sans ponter. On traite la tumeur, sans lèser les tissus sains... Indirectement, la pratique de la médecine générale s’en est trouvée bouleversée. Et d’ailleurs les généralistes eux-mêmes n’ont pas attendu pour entrer de plain pied dans le XXIème siècle. N’ont-ils pas été les tout premiers à investir le téléphone portable, une invention qui colle, à la décibel près, à cette profession qui, présente sur tous les fronts, se doit d’être partout à la fois ?

La médecine diagnostique de plus en plus vite, soigne de mieux en mieux, fait de moins en moins mal, mais aussi coûte de plus de plus en plus cher. C’est un lieu commun de l’affirmer. Pourtant, cela renvoie à une autre ligne de force de ces dix dernières années : la rationalisation de l’organisation de la santé. Face au poids de la facture, la France et son système de soins le plus libéral du monde n’ont pas résisté bien longtemps. Guidelines, parcours de soins, modes de paiement alternatifs, développement d’un exercice collectif : les généralistes sont au cœur de cette mutation qui a vocation à concerner à terme l’ensemble des acteurs de santé. Quoique pionniers, ils n’ont jusque-là guère été payés en retour. Mais qui sait, avec un peu de chance, le C = Cs n’attendra peut-être pas 2020…


Source : Le Généraliste: 2509