CLASSIQUE
PAR OLIVIER BRUNEL
Décidément, « Eugène » a la cote cette saison ! Depuis son apparition, l'an dernier, au Festival d'Aix-en-Provence dans la mise en scène d'Irina Brooks, on en a dénombré quelques-uns entre Paris, avec la production du Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg au Châtelet (« le Quotidien du Médecin » du 3 février), la reprise dans une excellente distribution de celle de Willy Decker à l'Opéra-Bastille et en province à Strasbourg, Clermont-Ferrand, Toulon puis Toulouse, qui vient d'afficher au théâtre du Capitole le plus romantique des opéras russes.
Nicolas Joël a repris sa production créée et très acclamée en juin 1993 avec une distribution entièrement renouvelée et, pour Eugène, la prise de rôle de Ludovic Tézier, jeune baryton français qui fit sur la même scène l'an dernier un superbe Wolfram de « Tannhäuser ».
De cette production, on admire la beauté plastique dans les superbes décors et costumes d'Hubert Monloup qui ne frustrent en rien le spectateur, comme on a pu le voir dans certains « Eugène » récents - particulièrement celui du Théâtre Mariinski -, des scènes typiques de bal et de divertissement, ni de l'atmosphère provinciale russe qui baigne l'uvre. En cela, la direction d'acteurs de Nicolas Joël est exemplaire, s'attachant à donner aux personnages du drame, servis ici par des acteurs jeunes et crédibles, l'exacte progression de leurs sentiments, aidée par des éclairages magnifiques d'Allain Vincent. On ne doute jamais que l'on est chez Pouchkine, comme c'est trop souvent le cas dans les mises en scènes qui se veulent trop « analytiques » de l'uvre.
Musicalement, l'uvre est parfaitement servie par une équipe jeune et internationale. Les trois héros du drame particulièrement. La Géorgienne Tamar Iveri, qui faisait ici ses débuts français, est une Tatiana très émouvante, investie, avec une voix riche dans tout son registre. On ne doute pas qu'elle sera une belle Desdemona dans « Otello » de Verdi aux prochaines Chorégies d'Orange. Le ténor roumain Marius Brenciu est un Lenski très convaincant, réservé, très émouvant dans son air avant le Duel.
Ludovic Tézier promène le mal de vivre d'Onéguine, « mal du siècle », selon Dostoïevski, avec beaucoup d'assurance tout au long du drame. Vocalement il est vraiment le personnage avec des moyens idéaux et un investissement total. Son premier essai est un coup de maître et il faudra compter avec lui dans le futur pour distribuer ce rôle trop souvent interprété de façon superficielle.
Parfaitement tenus aussi, les seconds rôles permettaient d'entendre Nadine Denize ( Madame Larina), Charles Burles chantant sans excès comique Monsieur Triquet, un magnifique rince Gremine par Roberto Scandiuzzi, et la nourrice Filipievna exceptionnelle de Irina Gelakhova.
Toujours somptueux, l'Orchestre du Capitole était dirigé, seul reproche, à un niveau sonore un peu trop élevé compte tenu de l'excellente acoustique de la salle, par le chef Peter Ferance. Les churs et les danseurs du Ballet du Capitole étaient pour beaucoup dans la réussite de ce spectacle.
Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13). Prochains spectacles : « Le Revenant », de José Melchior Gomis, du 9 au 14 mai ; « Götterdammerung », de Wagner, du 12 au 29 juin.
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