L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) vient d'émettre de sérieuses réserves sur le maïs BT 11, le premier OGM qui sera soumis aujourd'hui au vote des Quinze à Bruxelles depuis le blocage des autorisations d'organismes génétiquement modifiés en 1999. Le maïs BT 11 est destiné à la consommation humaine. L'AFSSA estime, dans un avis consultatif publié la semaine dernière, que les essais conduits sur des animaux par la firme suisse Syngenta, qui présente le dossier, sont insuffisants.
Saisie le 18 novembre dernier par le gouvernement français, l'AFSSA « estime qu'en toute rigueur, afin d'éliminer la possibilité d'effets inattendus, il conviendrait d'évaluer l'impact d'une consommation régulière de maïs doux portant l'événement de transformation BT 11 par une étude de toxicité/tolérance chez le rat ou une étude de tolérance/alimentarité chez un animal d'élevage (par exemple, le poulet en croissance) ». Des essais ont été conduits sur des animaux, mais uniquement pour la variété de maïs « grain » BT 11, et non sur le maïs doux qui serait consommé par l'homme. Le maïs doux est obtenu par croisement entre un maïs doux et une variété de maïs « grain » transgénique BT 11, rendu tolérant à un herbicide et aux insectes par l'introduction de gènes.
C'est la troisième fois que l'AFSSA se prononce sur ce dossier. Elle a déjà émis deux fois un avis négatif, le 21 juillet 2000 et le 20 mars 2001, pointant l'insuffisance des essais conduits sur animaux. Les experts réunis par l'AFSSA estiment que les « différences génétiques entre les deux variétés, le maïs grain et le maïs doux, se traduisent par des différences notables, notamment dans le métabolisme des sucres ». Ils indiquent par conséquent que « des effets inattendus (...) ne peuvent être écartés ». Le BT 11, présenté par la firme suisse Syngenta, serait, s'il est autorisé, le premier aliment « tout OGM » destiné à l'homme en Europe. Il est consommé aux Etats-Unis sous forme de légume en boîte ou de pop-corn. Actuellement, seuls des produits dérivés d'OGM (huiles, farines...), autorisés avant 1999, sont consommés dans l'Union européenne.
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