9-13 juin- Washington
LA RETINOPATHIE diabétique se développe à bas bruit sans que le patient ne perçoive pendant longtemps les symptômes ; la baisse de l'acuité visuelle témoigne donc de lésions très avancées. Dans le cas du diabète de type 2, le diagnostic étant fréquemment fait avec plusieurs années de retard, l'examen du fond d'œil permet de découvrir dans environ 20 % des cas des lésions préexistantes justifiant une angiographie rétinienne.
La rétinopathie se développe sur deux modes évolutifs, fréquemment associés : l'ischémie et l'œdème. L'ischémie se traduit par la présence d'hémorragies intrarétiniennes, de territoires non perfusés, de nodules cotonneux témoignant d'une obstruction artériolaire, d'anomalies du calibre veineux, de néovaisseaux intrarétiniens, puis prérétiniens, et notamment prépapillaires, responsables d'hémorragies intravitréennes à l'origine d'une fibrose et d'un décollement de rétine. L'œdème peut être responsable d'exsudats et de dépôts prédominants au pôle postérieur. L'œdème maculaire est une des causes de perte de l'acuité visuelle du diabétique.
Les options thérapeutiques.
L'équilibration stricte de la glycémie et de la pression artérielle, associée à une surveillance annuelle du fond d'œil, constitue la meilleure prévention de la rétinopathie diabétique. Le traitement au laser, dont les indications sont bien codifiées, a pour dessein d'empêcher les complications de la rétinopathie diabétique proliférante et de sauvegarder la vision menacée, mais il ne permet pas la guérison de la rétine malade et n'est pas dénué d'inconvénients : diminution du champ visuel, altération de la vision nocturne...
« Une des clefs de la prévention des pertes de vision provoquées par les maladies oculaires diabétiques est d'empêcher que l'œdème maculaire atteigne le centre de la macula, partie de la rétine la plus importante pour la vision précise », explique le Dr Lloyd Paul Aiello (Boston).
Les résultats d'une analyse combinée des données de deux essais cliniques de phase III (1) évaluant l'effet de la ruboxistaurine, un inhibiteur spécifique de la protéine kinase Cb (enzyme activée dans les conditions d'hyperglycémie) chez des patients atteints de rétinopathie diabétique non proliférative sont très encourageants : le mesylate de ruboxistaurine, administré par voie orale (à la posologie de 32 mg/j), a réduit le risque de baisse de l'acuité visuelle modérée persistante de 41 % par rapport au placebo.
« Ces données suscitent un vif intérêt car elles montrent que la ruboxistaurine pourrait devenir le premier traitement oral permettant de réduire le risque de baisse d'acuité visuelle due à la rétinopathie diabétique » souligne le Dr Lloyd Paul Aiello. Une baisse d'acuité visuelle modérée persistante (perte d'au moins 3 lignes de lecture sur l'échelle optométrique pendant au moins six mois), est survenue chez 10,2 % des patients ayant reçu un placebo et seulement chez 6,1 % des patients traités par ruboxistaurine, soit une réduction de 41 % du risque relatif (p = 0,011) sur trois ans. L'analyse séparée des données de sécurité d'emploi, issues de onze études évaluant la ruboxistaurine chez des patients qui présentent au moins une complication microvasculaire diabétique (rétinopathie diabétique incluse), a permis de constater que la ruboxistaurine était généralement bien tolérée et que les effets indésirables étaient identiques à ceux du placebo.
La ruboxistaurine (Arxxant) est en cours d'homologation aux Etats-Unis : un dossier de demande d'autorisation de mise sur le marché dans le traitement de la rétinopathie diabétique auprès de la FDA a été déposé en février 2006.
Conférence de presse organisée par Eli Lilly and Company.
(1) Llyod P. Aiello et coll : Effect of Ruboxistaurin on Diabetic Macular Edema and Visual Loss : Meta-analysis of the PKC-DRS and PKC-DRS2.
Classification internationale de la rétinopathie diabétique
Cinq stades :
- pas de rétinopathie ;
- rétinopathie non proliférante (microanévrismes, hémorragies punctiformes) ;
- rétinopathie préproliférante (anomalie micro-vasculaire intrarétiniennes, nodules cotonneux ;
- rétinopathie proliférante modérée (néovascularisation, quelques hémorragies) ;
- rétinopathie proliférante sévère (hémorragies intravitréennes, décollement rétinien, maculopathie œdémateuse focale, œdémateuse diffuse ou cystoïde).
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