LES DONNÉES d’un travail mené en Chine avec un vaccin contre le virus aviaire sont importantes à plusieurs titres. Elles montrent en premier lieu qu’une préparation vaccinale conçue à partir du virus entier, associant un adjuvant, peut se montrer immunogène. Ensuite, et surtout, ce mode d’élaboration du vaccin permettrait, en cas de pandémie, de fabriquer plus de doses, que par les techniques actuelles.
Dans l’article publié par le « Lancet », Jiangtao Lin et coll. (Pékin) ont donc utilisé un vaccin à base de virus H5N1 entier, inactivé, associé à un adjuvant de type hydroxyde d’aluminium. Ils ont stratifié, par tirage au sort, 120 volontaires dans le cadre d’un essai contrôlé, contre placebo, en double-aveugle. Les participants avaient entre 18 et 60 ans. Ils bénéficiaient soit du placebo (n = 24), soit du vaccin. Par lots de 24, ils ont reçu des dosages, respectivement, de 1,25 µg, 2,5 µg, 5 µg et 10 µg d’hémagglutinine H5. Les deux injections étaient espacées de 28 jours.
La plus forte réponse immune dans le groupe sous 10 .
µg Premier constat : la préparation vaccinale est bien tolérée. La plupart des réactions locales ou systémiques ont été modérées et transitoires : oedèmes, douleur (le plus souvent) ou fièvre. Alors qu’un vaccin à virus entier est connu pour être plus réactogène, la tolérance est similaire à celle des essais avec des fractions de H5N1. Peut-être faut-il y voir l’effet d’une moindre quantité d’antigènes dans cette préparation à virus complet.
Second constat : la bonne immunogénicité. Les quatre dosages ont entraîné une montée d’anticorps dès la première dose. Toutefois, la plus forte réponse immune a été relevée dans le groupe sous 10 µg, après deux injections. Les chercheurs ont constaté 78 % de séropositivité chez ces volontaires.
Les auteurs, ainsi qu’un éditorialiste britannique, Iain Stephenson (Leicester), montrent tout l’intérêt de cette séropositivité à 10 µg. Dans un essai américain (sanofi-Pasteur) avec des fractions virales, sans adjuvant, il a fallu deux injections à 90 µg pour obtenir une réponse satisfaisante, permettant d’affronter une pandémie. Dans un autre essai français (sanofi-Pasteur également), la dose a pu être réduite, grâce à un adjuvant, mais demeurait à 30 µg.
En cas d’utilisation de fractions virales, explique Iain Stephenson, si une pandémie survenait, le nombre de bénéficiaires du vaccin serait de 75 millions (vaccin américain) ou 225 millions (vaccin français).
En se fondant sur la capacité de production mondiale d’un vaccin grippal trivalent, la production d’un vaccin monovalent à 15 µg contre le H5N1, ce nombre passerait à 450 millions.
Reste une inconnue. L’essai a été mené chez des adultes, or les principales victimes du virus aviaire sont les enfants et les sujets âgés. De nouveaux essais se révèlent indispensables pour inclure les âges extrêmes de la vie.
« The Lancet » édition avancée en ligne, 7 septembre 2006.
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