Décision Santé. Quel regard posez-vous sur la réforme de la gouvernance de l’hôpital public et la volonté d’y instaurer un patron ?
Philippe Burnel. Cette réforme de 2009 a pris le risque de casser une dynamique qui semblait se mettre en place depuis celle de 2004 et l’instauration des comités exécutifs. Elle crée de l’instabilité dans les établissements et conduit ses acteurs à consacrer beaucoup d’énergie à des problèmes institutionnels, plutôt que de résoudre ceux liés au fonctionnement de l’hôpital. Cela fait perdre beaucoup de temps.
En outre, il ne me semble pas forcément judicieux d’avoir posé le problème en termes de pouvoir. Cela ne fait que ranimer de très anciens antagonismes entre le corps médical et le corps administratif. Enfin, je pense que cette loi pose un faux problème : l’idée de résoudre des questions de gouvernance par la seule voie du droit est une illusion.
D. S. Quels sont les éléments qui expliquent la nature différente des rapports entre médecins et directions qui semblent prévaloir dans l’hospitalisation privée ?
P. B. Nous bénéficions de notre histoire. Même si cela est en train de changer, les médecins étaient également les patrons des cliniques. Il existe donc une culture gestionnaire au sein du corps médical. L’arrivée des fonds d’investissement et la constitution de grands groupes changent un peu la donne. Mais il est intéressant d’observer que ces groupes sont particulièrement attentifs à donner un rôle important à leurs CME.
D. S. Pourquoi cette attention particulière ?
P. B. Nous bénéficions là aussi de notre histoire. Alors que le secteur public a connu vingt ans de financement par dotation globale avant de passer à la tarification à l’activité en 2004, nous avons toujours été rémunérés à l’activité. Tous les patrons de clinique sont donc convaincus que les médecins sont la source de leur prospérité. De plus, le fait même que nous soyons de statut privé nous interdit de ne pas résoudre les problèmes, au risque de mettre la clé sous la porte. Direction comme médecins ont un intérêt objectif commun à trouver des compromis. C’est pour cela que je suis convaincu que les mécanismes économiques et les incitations à travailler ensemble sont bien plus efficaces que les démarches législatives et réglementaires en ce domaine.
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