La Mutuelle générale de l’Éducation nationale (MGEN) et Harmonie, qui protègent à elles deux huit millions de personnes, demandent au gouvernement de ne pas modifier la proposition de loi socialiste qui doit donner vie aux réseaux de soins mutualistes, malgré les diverses attaques dont elle est l’objet.
« Les mutuelles ont le droit de constituer des réseaux de soins et ne s’en privent pas depuis plusieurs années dans le dentaire, l’optique ou l’audioprothèse, explique Thierry Beaudet, président de la MGEN. Un point fait cependant débat : la possibilité de procéder à des remboursements différenciés selon que le patient consulte ou non un professionnel du réseau. » La proposition de loi portée par Bruno Le Roux, président du groupe PS à l’Assemblée, doit être examinée la semaine prochaine au Palais-Bourbon. Elle doit autoriser cette différenciation de remboursements en modifiant le code de la mutualité. Or, depuis plusieurs jours, de nombreux syndicats de médecins libéraux et d’internes sont montés au créneau pour dénoncer une privatisation du système de santé et la remise en cause de la liberté de choix du praticien par le patient.
Les deux mutuelles s’inscrivent en faux contre cette accusation. « Nous ne souhaitons pas développer des partenariats directs avec les médecins généralistes et spécialistes dans la mesure où nous avons signé un avenant pour encadrer les dépassements d’honoraires, explique Stéphane Junique, président d’Harmonie. Des organisations pointent cet argument pour opposer les professionnels de santé aux mutuelles mais nous ne rentrerons pas dans ce jeu. »
De nombreux professionnels déjà engagés.
Les présidents des deux mutuelles présentent les avantages économiques des réseaux de soins qui permettent de diminuer le coût pour les patients. Le prix d’une couronne céramo-métallique passe de 550 euros hors réseau à 505 euros dans le réseau de la MGEN. Quant au reste à charge, il diminue de 300 euros hors réseau à 97 euros dans le réseau. Le réseau optique Kalivia mis en place par Harmonie a permis de réduire le reste à charge de 40 % en deux ans, affirme pour sa part Stéphane Junique. Selon les mutuelles, les réseaux permettent d’améliorer l’accès financier et géographique aux soins. « Ce n’est pas faire un cadeau à la Mutualité que d’autoriser les remboursements différenciés, cela va permettre de prendre en charge des patients qui n’en ont pas les moyens », affirme Thierry Beaudet.
Par ailleurs, les réseaux existants n’ont pas eu de mal à recruter des professionnels.
Kalivia compte quelque 2 300 opticiens agréés sur 5 000 candidatures tandis que 25 000 chirurgiens dentistes (65% de la profession) ont adhéré au réseau de la MGEN élaboré après discussion avec la CNSD.
Les deux mutuelles souhaitent rassurer les médecins récalcitrants. Selon Thierry Beaudet, 470 ont déjà signé un conventionnement individuel, principalement en clinique privée. Les mutuelles incitent leurs adhérents à consulter ces praticiens en médecine, chirurgie et obstétrique (MCO) qui s’engagent à modérer leurs dépassements d’honoraires entre 120 et 150 % au-delà des tarifs opposables.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature