À Angoulême, un différend oppose les médecins libéraux au préfet, à la police et aux autorités judiciaires au sujet des interventions des praticiens dans le cadre des gardes à vue. Les médecins libéraux de l’agglomération (30 volontaires avant que naisse le problème, sur les 70 praticiens) refusent désormais d’assurer ces interventions, les jugeant trop chronophages.
« On peut être appelé jusqu’à 5 à 6 fois par jour, témoigne le Dr Louis-Adrien Delarue au journal « Sud-Ouest » qui relate l’affaire, on quitte notre cabinet et on laisse les patients dans la salle d’attente. »« Entre 320 et 330 examens médicaux sont pratiqués chaque année en garde à vue, répond le procureur, c’est-à-dire moins d’un par jour. » Entre les parties, c’est l’incompréhension qui domine.
Unité médico-judiciaire
Le bras de fer dure depuis un mois autour de revendications liées aux conditions d’examen au commissariat, aux délais de paiement des honoraires, et à la mise en place d’un nouveau système moins contraignant pour les médecins libéraux.
Les praticiens réclament notamment la création d’une unité médico-judiciaire, avec une équipe de médecins dédiés. Les négociations se sont engagées sur ce projet, mais n’aboutiront pas avant des mois.
En attendant, le problème persiste. Des gardes à vue sont levées faute de médecin, regrette le directeur départemental de la santé publique, et la police est parfois obligée d’emmener les gardés à vue aux urgences de l’hôpital, pour pratiquer les examens réglementaires. Une réunion de conciliation est prévue dans une dizaine de jours. « Nous n’acterons rien si tous les médecins ne sont pas autour de la table », prévient le Dr Delarue.
La FMF a apporté son soutien aux praticiens d’Angoulême. « Alors que les conditions de l’exercice médical en ville ont été fragilisées au point d’être la vraie cause de l’extension des déserts médicaux, indique le Dr Jean-Paul Hamon, président du syndicat, abandonner son cabinet pendant une heure et demie n’est tout simplement plus possible, surtout pour ce qui se révèle dans l’immense majorité des cas être une simple formalité administrative. »
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