Le Dr Thierry Sanchez, généraliste ostéopathe installé à Oraisons, dans l'Aude, n'en revient pas : il vient de recevoir une lettre qui lui demande d'aller chercher lui-même son ordre de réquisition à la gendarmerie de Lézignan-Corbières, située à cinq kilomètres de son cabinet. Compte tenu de la grève actuelle des gardes de nuit et des week-ends, le Dr Sanchez est « déjà réquisitionné gratuitement 24 à 36 heures par semaine. Si maintenant, il faut en plus se déplacer comme des chiens bien élevés, sur son temps de travail ou hors de son temps de travail... C'est inadmissible ! Moi je n'irai pas à la gendarmerie de Lézignan », déclare ce généraliste exaspéré.
Cette procédure particulière qui consiste à envoyer l'ordre de réquisition par fax, ou, à défaut, à demander aux médecins de venir le retirer, semble être une initiative du groupement de gendarmerie de l'Aude. En effet, la préfecture du département affirme pour sa part qu'elle « envoie les arrêtés de réquisition aux forces de l'ordre qui se chargent de contacter chaque médecin. La gendarmerie ou la police s'arrangent pour aller porter les ordres de réquisition dans les cabinets afin d'obtenir un accusé de réception. L'essentiel, c'est que le médecin soit informé le plus rapidement possible, pour plus d'efficacité », conclut-on à la préfecture.
L'Union nationale des omnipraticiens français (UNOF, branche généraliste de la CSMF), a reçu quelques appels de médecins qui avaient été « conviés » à la gendarmerie locale comme le Dr Sanchez. Cependant, l'UNOF précise que de façon générale, « les réquisitions sont plutôt remises par les gendarmes, la police, le maire ou par un huissier, envoyées par lettre recommandée, ou bien télécopiées ».
Cette nouvelle procédure de réquisition utilisée dans l'Aude semble donc assez marginale. En Mayenne, où 28 médecins sont réquisitionnés par la préfecture chaque nuit, « cela ne se produira pas », assure le Dr Luc Duquesnel au syndicat départemental de l'UNOF. Dans ce département, les médecins généralistes ont protesté contre l'envoi des ordres de réquisition par lettre recommandée. A leur demande, « toutes les réquisitions se font depuis le 11 janvier par les gendarmes et agents de police, dans les cabinets médicaux », précise le Dr Duquesnel. Dans l'Oise, le Dr José Cucheval, secrétaire général de l'UNOF départemental, reproche aux pouvoirs publics d'avoir « tenté de casser la grève des généralistes » en publiant dans les journaux locaux, chaque semaine pendant presque deux mois, le tableau des secteurs de gardes mentionnant les noms et coordonnées des médecins réquisitionnés. L'UNOF de l'Oise a réclamé et finalement obtenu de la DDASS l'envoi de lettres recommandées aux médecins.
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