EN 1999 avait été mis en place un essai de thérapie génique pour traiter des enfants atteints de déficit immunitaire combiné sévère lié au chromosome X (Dics-X), par les équipes d'Alain Fischer et de Marina Cavazzana-Calvo (Necker, Paris). L'évaluation avait été favorable ; les neuf enfants inclus dans la série française étaient sortis de la « bulle » où ils étaient confinés et avaient pu vivre une vie normale. Mais la survenue d'événements graves chez deux d'entre eux avait fait interrompre l'essai en octobre 2002. Ces enfants avaient présenté un syndrome lymphoprolifératif de type leucémique.
Aménagement du protocole.
Aujourd'hui, le recul plus important fait apparaître, après étude approfondie, un rapport bénéfice/risque en faveur de la thérapie génique par rapport aux autres traitements. L'essai peut être repris sous couvert d'un aménagement du protocole.
Il ne s'est produit aucun autre événement indésirable grave chez les enfants traités, que ce soit en France ou en Angleterre dans l'équipe d'Adrian Trasher, sur un total de 14 enfants traités, a indiqué au « Quotidien » le Pr Marina Cavazzana-Calvo qui suit l'essai français.
Les critères d'inclusion ont été modifiés avec une restriction d'âge qui n'existait pas à l'origine. Seront maintenant concernés les enfants en situation grave, c'est-à-dire lorsque le diagnostic est fait tardivement pour cette maladie, après six mois d'âge, avec une condition clinique détériorée en raison d'infections sévères et surtout lorsqu'il n'existe pas de donneur de moelle osseuse hématopoïétique compatible. Ce sont des cas où le pronostic à court terme est extrêmement péjoratif. Une fois le diagnostic fait, l'enfant est mis en atmosphère stérile, mais il est déjà porteur de virus.
L'option thérapeutique de premier choix demeure la greffe de cellules souches hématopoïétiques de moelle osseuse à partir d'un donneur sain compatible familial.
Mais, en son absence, il est démontré que la thérapie génique peut représenter une alternative, car chez les neuf autres enfants de la série, ce traitement a permis une restauration du système immunitaire. Ces enfants-là ont une vie normale, suivent leur scolarité et n'ont pas de problèmes particuliers. Ils sont suivis tous les six mois par les équipes de Necker.
L'autre aménagement du protocole consiste à limiter le nombre des cellules porteuses du gène « médicament » injectées : le seuil à ne pas dépasser est de 10 millions de cellules hématopoïétiques corrigées par kilo de poids. Selon les chercheurs, ce paramètre est peut être intervenu dans la survenue des syndromes lymphoprolifératifs.
Le déficit immunitaire combiné sévère lié au chromosome X est une maladie génétique rare, caractérisée par une absence totale de lymphocytes T et NK destinées à la lutte contre l'infection.
Les équipes sont prêtes.
Le protocole thérapeutique consiste à prélever de la moelle osseuse sous anesthésie générale au niveau de la crête iliaque. La moelle est purifiée pour sélectionner les cellules les plus précoces qui sont mises en contact pendant trois jours avec un rétrovirus défectif contenant une copie normale du gène (sous-unité gamma C du récepteur de cytokines hématopoïétiques). Cette thérapie permet donc de sauver les enfants en leur restaurant des fonctions immunologiques indispensables.
Les deux enfants qui avaient présenté les complications lymphoprolifératives sont vivants et continuent leur traitement. L'un a reçu une greffe de moelle osseuse d'un donneur du fichier, l'autre est en rémission complète après une chimiothérapie conventionnelle.
Maintenant, les équipes sont prêtes pour traiter des enfants dans le cadre du nouveau protocole dès qu'un cas se présentera.
D'après un entretien avec le Pr Marina Cavazzana-Calvo.
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