« LA SEXUALITÉ des patients cancéreux a longtemps été négligée, et il était temps de répondre enfin à leurs questions sur ce sujet », affirme en préambule le Pr Simon Schraub, directeur du centre régional de lutte contre le cancer de Strasbourg (centre Paul-Strauss). Entouré d'une psychologue et d'un sexologue, il vient de réaliser pour la Ligue nationale contre le cancer, deux plaquettes sur la sexualité et le cancer.
Si les cancérologues s'intéressent de plus en plus à la qualité de vie et à la réinsertion psychologique et sociale des patients, la sexualité reste encore quasi taboue : « Les patients veulent que nous leur en parlions, mais la plupart des médecins ne sont pas formés pour leur répondre, explique le Pr Schraub. De même que l'on cachait autrefois la vérité aux malades, on tait encore trop souvent les conséquences des traitements sur leur activité sexuelle, poursuit-il, soit par gêne, soit par peur d'un refus du traitement, par exemple en raison de l'impuissance qu'il pourrait entraîner. »
Dédramatiser.
Les deux brochures, tirées à 25 000 exemplaires, abordent les effets psychologiques et fonctionnels du cancer et de ses traitements, radiothérapie, chimiothérapie, chirurgie ou hormonothérapie. Elles dédramatisent les conséquences « sexuelles » de la maladie, y compris lorsqu'elles entraînent une modification de l'image de soi, en cas de mastectomie, d'amputation, de colostomie ou de laryngectomie. Elles rappellent que le dialogue avec le ou la partenaire permet de conserver une vie sexuelle, même différente de celle « d'avant » et qu'aucun malade n'est condamné à une « abstinence définitive ». De nombreuses aides telles que les prothèses et, bien sûr, les médicaments peuvent contribuer à restaurer l'activité sexuelle des patients.
Ces brochures s'inscrivent dans la volonté commune du centre Paul-Strauss (voir encadré) et de la Ligue d'améliorer l'information des patients et d'aborder toutes les questions soulevées par le fait de « vivre avec un cancer ». Comme l'explique Claire Compagnon, directrice des actions de lutte à la Ligue nationale, « les textes des brochures ont été relus et validés par des malades, afin de s'assurer qu'ils correspondent vraiment à leurs questions et à leurs attentes : même sur des sujets délicats, nous avons voulu être positifs et précis ».
Un centre exemplaire
Le centre Paul-Strauss a organisé le 1er avril un débat public sur les aspects physiques, psychologiques et sexuels du cancer. Ce thème trop rarement abordé répond aux préoccupations d'un grand nombre de patients et de leurs proches, tout en s'inscrivant dans la politique d'information menée depuis plusieurs années par le centre.
Ce dernier vient d'ailleurs d'être « accrédité sans réserve » par l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (Anaes). L'agence relève la « coordination des acteurs autour du patient pour des soins de qualité », la conformité et de la sécurité des bâtiments et des installations. Elle souligne aussi « le respect des droits des patients et la qualité de l'information » qui constituent « des axes forts de l'établissement. »
Le Pr Schraub, actuel directeur du centre, devrait quitter la direction dans quelques jours, tout en continuant à y exercer comme médecin. Il conservera aussi ses fonctions d'enseignant à la faculté. Il a volontairement choisi de s'effacer avec quelques mois d'avance, afin que la nouvelle équipe, dirigée par le Pr Patrick Dufour, puisse préparer, dès maintenant, le nouveau projet d'établissement : le rapprochement avec les hôpitaux universitaires de Strasbourg.
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