Programme très riche pour cette deuxième journée du congrès de la médecine générale de Nice. Ce vendredi, ont été abordés des thèmes aussi divers que la iatrogénie médicamenteuse, les maladies génito-urinaires de la femme, les inégalités sociales de santé ou encore les relations médecins-patients (voir les abstracts ci-dessous). Visiblement, les généralistes présents au Palais des congrès de Nice se montrent passionnés (voir nos interviews videos).
Vendredi matin, toute une séance plénière était consacrée à la vaccination, et notamment au statut vaccinal des ados. « Quand on voit un ado, on pense d’abord au repérage d’une éventuelle souffrance psychique ou de conduites à risque, telles que les MST, les addictions, les conduites sexuelles à risque, la mésentente familiale, les troubles du sommeil ou alimentaires. A juste titre puisque l’on évalue à 200.000 le nombre d’adolescents à risque. En revanche, on pense trop peu souvent à verifier le statut vaccinal qui pourtant fait partie intégrante de la prévention à cet âge », explique le Pr Serge Gilberg, médecin généraliste, président du comité scientifique du congrès et membre du Comité technique des vaccinations.
• Les premières valences à vérifier sont la DTP. Les rappels sont recommandés à 6 ans, 11-13 ans et 16-18 ans avec des valences diphtériques atténuées.
• La coqueluche doit faire l’objet d’un rattrapage à 16-18 ans, soit pour les jeunes ayant échappé au rappel des 11-13 ans, soit ceux qui ont reçu à tort une vaccination à 5-6 ans (25% des enfants).
• Une thèse de médecine générale a observé sur 10 ans la couverture vaccinale sur l’hépatite sur 10 ans de 204 000 enfants scolarisés à Paris. Il en ressort que 34 % des enfants ne sont pas vaccinés contre l’hépatite B à l’entrée en CP. Ils correspondent aux enfants nés entre 1992 et 1999, période qui correspond à la polémique sur les risques neurologiques de la vaccination systématique des enfants à l’entrée en 6e. Il convient donc d’être vigilants pour les adolescents âgés de 11 à 20 ans qui sont susceptibles d’être non ou mal vaccinés contre le VHB. Les schémas de rattrapage sont de 3 doses si les enfants sont à risque, et 2 doses pour les autres cas. « Il a été démontré que ce schéma à 2 doses est suffisant, à condition de respecter les 6 mois de délai entre les deux injections et d’injecter avec un vaccin dosé à 20 », a rappelé l’orateur.
• Concernant le ROR, même si on voit une petite remontée dans les tranches supérieures de rattrapage depuis la reco de 2011, tous jes jeunes adultes nés depuis 1980 ont bien reçu 2 doses.
• On ne vaccine qu’à partir de 12 mois contre le méningocoque C. La garantie du succès de ce programme de vaccination est liée à la nécessité d’un rattrapage pour diminuer la circulation du méningocoque C afin d’instaurer une immunité de groupe. Un rappel est donc indispensable jusqu’à 24 ans.
• Si la vaccination contre la varicelle chez l’enfant n’est pas recommandée, elle doit l’être à partir de 12 ans en raison de la gravité potentielle de la virose à partir de cet âge. En cas de doute sur l’antécédent de varicelle, il convient de vérifier le statut sérologique par dosage avant de vacciner par 2 doses à 1 mois d’intervalle.
• La vaccination contre le HPV doit avoir lieu avant le contact avec le papillomavirus, donc avant les rapports, avant le pic d’incidence entre 15 et 24 ans. L’Amm est différente selon les vaccins (entre 9 et 26 ans ou entre 10 et 25 ans). Et la recommandation est de vacciner à parir 14 ans avec un rattrapage entre 15 et 23 ans chez la jeune fille n’ayant pas eu de rapports sexuels ou depuis moins d’un an. « On a choisi l’âge de 14 ans, car c’est l’âge déclaré du premier rapport, il n’y aurait en France que 3% des adolescentes ayant eu des rapports avant cet âge, l’âge médian étant de 17,2 ans.» Et dans la mesure où se posait la question de la durée de protection de ce vaccin, il n’apparaissait pas judicieux de vacciner plus tôt, mais depuis des données à ce sujet sont rassurantes. De même, on ne disposait pas d’études sur l’inocuité de vaccins simultanée. « Pour toutes ces raisons, cette tranche d’âge paraissait idéale. Avancer l’âge de la vaccination permettrait de dissocier cette injection de la sexualité. Les mères vivent souvent cette vaccination comme un passeport pour la sexualité et ça permettrait de mieux favoriser l’observance ». Reste que de nombreuses jeunes filles qui décident de se vacciner, ne vont pas au bout du schéma vaccinal. On recommande 3 doses à ce jour « et c’est souvent la dernière qui passe à la trappe ! »
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