Destiné aux médecins généralistes qui sont dans leur pratique en première ligne pour repérer les symptômes évocateurs de bipolarité (maladie maniaco-dépressive) chez un patient, un atelier a eu pour but de les informer sur les masques trompeurs des troubles thymiques qui peuvent débuter précocement.
Ainsi, la dépression de l'enfant se présente de façon différente : peu ou pas de tristesse, hypersomnie, prise de poids, irritabilité, plaintes somatiques, anxiété, sentiment de vide.
De même, l'hypomanie de l'enfant et de l'adolescent peut s'exprimer par des accès de colère, une « tempête affective », un excès de familiarité, une hyperactivité, des troubles de l'attention, une indiscipline scolaire, une hypersexualité, un sentiment de toute-puissance, des conduites à risque et/ou antisociales.
Devant un tableau atypique chez l'adulte, la recherche de ces éléments dans l'enfance ou l'adolescence permet aussi d'orienter le diagnostic.
Ces masques trompeurs du trouble bipolaire (TB) rendent le diagnostic souvent difficile avec :
- une schizophrénie ;
- des conduites addictives : 30 % des adolescents et des adultes jeunes ayant un trouble bipolaire font des abus d'alcool/drogue qui modifient le tableau et rendent le diagnostic difficile (présence de symptômes psychotiques non congruents à l'humeur) ;
- des troubles des conduites alimentaires ;
- une dépression : les déprimés unipolaires évoluent dans 50 % des cas vers un TB. Il faut rechercher les moments d'hypomanie (ressentis comme un bien-être), peu évoqués par le déprimé, être vigilant face à une réponse trop rapide à l'instauration d'un traitement antidépresseur (en faveur d'un TB) et surveiller les éventuelles oscillations thymiques après l'amélioration symptomatique de la dépression.
Les troubles du comportement (impulsivité, irritabilité, agressivité, troubles des conduites) doivent attirer l'attention. De plus, il existe une comorbidité anxieuse importante avec le TB (anxiété généralisée, phobie sociale) compliquant la prise en charge. Celle-ci est pourtant un enjeu de santé publique. En effet, pendant les dix ans environ qui séparent l'apparition des premiers symptômes du diagnostic, ces patients à hauts risques (dépenses exagérées, vie affective chaotique, troubles des conduites avec difficultés professionnelles, problèmes médico-légaux, tentatives de suicide [50 %] ou suicide [1 sur 5]) vont recevoir des thérapeutiques inappropriées.
Le but de cette sensibilisation est donc d'inciter le médecin généraliste à orienter le patient vers un spécialiste, au moindre doute diagnostique.
Les thymorégulateurs constituent le traitement des TB, l'association de deux thymorégulateurs étant nécessaire à la stabilisation de la maladie dans 50 % des cas. Le médecin généraliste devra les intégrer lors de la prise en charge des affections somatiques.
MEDEC 2003
Repérer les premiers symptômes du trouble bipolaire
Publié le 24/04/2003
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Dr Bernard Guitton
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7323
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