L’athérosclérose est une maladie qui se développe progressivement. Lorsque les facteurs de risque s’accumulent ou que le risque cardio-vasculaire global est élevé, la diminution du risque cardio-vasculaire est plus importante lors de la mise en œuvre de mesures de prévention. Il est donc important d’accorder la priorité aux interventions de prévention chez les patients à haut risque cardio-vasculaire.
Chez les hommes en bonne santé de plus de 40 ans et chez les femmes de plus de 50 ans ou chez les femmes ménopausées, il est recommandé de dépister systématiquement les facteurs de risque cardio-vasculaire. Cependant, en présence d’un diabète, d’une hypertension ou d’un tabagisme, ce dépistage doit être mis en œuvre plus précocement. Il en va de même en cas d’antécédent familial de maladie cardio-vasculaire précoce, et dans ce cas il faut penser à une hypercholestérolémie familiale.
Les patients ayant une maladie cardio-vasculaire ou qui ont des plaques d’athérosclérose significatives sont à très haut risque. Les diabétiques ou les patients ayant une insuffisance rénale sont à haut ou très haut risque cardio-vasculaire en fonction de la présence ou non d’autres facteurs de risque ou de la sévérité d’atteinte d’organe. Dans toutes ces situations, il n’est pas nécessaire de calculer le risque cardio-vasculaire à l’aide d’un score.
Les recommandations insistent également sur la nécessité de prévenir la survenue du premier épisode cardio-vasculaire. Ainsi, pour éviter de développer un premier épisode coronarien, il suffirait d’adopter des mesures d’hygiène de vie (ne pas fumer, se nourrir de manière équilibrée, pratiquer une activité physique régulière).
Les femmes ne sont pas épargnées
Dans les pays industrialisés, les femmes ont adopté en deux décennies les comportements à risque des hommes. Les maladies cardio-vasculaires sont ainsi devenues la deuxième cause de mortalité après les cancers chez les femmes de 45 à 64 ans et ne sont plus l’apanage des seules femmes ménopausées. Ces données épidémiologiques sont insuffisamment connues, ce qui explique que le risque cardio-vasculaire féminin reste fréquemment sous-estimé (2).
Une classification américaine du risque cardio-vasculaire dédiée aux femmes a été élaborée pour tenir compte de ces données (3). La femme est ainsi considérée comme « à risque » (élevé ou très élevé), ou comme « en situation optimale de santé » si elle n’a aucun facteur de risque et si son hygiène de vie est parfaite. Certaines situations spécifiques majorent le risque des femmes (pré-éclampsie, diabète gestationnel, maladies inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde ou le lupus, qui favorisent l’apparition précoce de l’athérosclérose). Ces situations comportent également la contraception avec éthinyl-estradiol, la fibrillation atriale, la dépression, la précarité, la migraine et la désadaptation cardio-vasculaire à l'effort. À la ménopause, toutes les femmes sont à haut risque car la carence estrogénique favorise l’apparition d’un syndrome métabolique, d’une rigidité artérielle, d’une hypertension artérielle systolique et elle majore le risque de thrombose. Le tabac, le diabète et le stress sont par ailleurs davantage délétères chez la femme. À L'inverse, une bonne hygiène alimentaire, l’arrêt du tabac, la lutte contre la sédentarité et le stress sont plus efficaces en prévention cardio-vasculaire chez la femme (4).
Un parcours coordonné de soins s’inscrivant dans une prise en charge en charge de la « santé globale » de la femme permet un réajustement des prises en charge et une sensibilisation de à l’opportunité d’un suivi coordonné entre cardiologues, gynécologues et médecin traitant sans oublier le pharmacien et le médecin du travail (5, 6).
1. Piepoli MF, et al. 2016 European Guidelines on cardiovascular disease prevention in clinical practice. Eur Heart J 2016; 37(29): 2315-81.
(2) Mounier-Vehier C, et al. Gender-related differences in the management of hypertension by cardiologists: the PARITE study. Arch Cardiovasc Dis 2012; 105: 271–280.
(3) Mosca L, et al. Effectiveness-based guidelines for the prevention of cardiovascular disease in women--2011 update: a guideline from the American Heart Association. Circulation 2011; 123: 1243–1262.
(4) Yusuf S, et al. Effect of potentially modifiable risk factors associated with myocardial infarction in 52 countries (the INTERHEART study): case-control study. Lancet 2004; 364(9438): 937-52.
(5) Mounier-Vehier C, et al. [Heart, arteries and women, a care pathway for women at high cardiovascular risk]. Ann Cardiol Angeiol (Paris) 2014; 63: 192–196.
(6) Boudghène F, et al. [«Heart, arteries and women» an innovative care pathway for women at high risk: First evaluation at one year]. Ann Cardiol Angeiol (Paris) 2015; 64: 199–204.
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