Pour ceux qui en doutaient encore, la longue idylle entre la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) et le Syndicat des médecins libéraux (SML) est bien terminée.
Ce qu'on présentait volontiers, il y a quelques semaines encore, comme le front syndical majoritaire pour représenter les médecins libéraux a explosé dans la foulée de la signature, fin août, d'un accord CSMF-caisses, dont s'inspirera directement le nouveau règlement conventionnel minimal applicable (RCM) aux spécialistes.
Le Dr Dinorino Cabrera, président du SML, qui réunit ce week-end son université d'été à Opio, dans les Alpes-Maritimes, n'a jamais eu des mots aussi durs à l'encontre de son homologue, le Dr Michel Chassang, président de la CSMF. « Sa signature, qui suivait des propos tonitruants contre les caisses, a décrédibilisé le discours syndical, peste le Dr Cabrera. Les médecins doivent savoir qu'il y a un autre discours. » Mais le Dr Cabrera va plus loin. Pour lui, l' « erreur » de la CSMF va provoquer une « recomposition syndicale ». « Il faut que les camps soient identifiés, je vais rentrer en concurrence directe avec Michel Chassang », explique le Dr Cabrera, qui ajoute que « les anesthésistes et les chirurgiens ont été abandonnés en rase campagne par la CSMF ».
Recours en Conseil d'Etat
Tenace , le SML déposera un recours en Conseil d'Etat contre le nouveau règlement conventionnel minimal lorsque ce texte sera publié.
Le président de la CSMF n'est pas le seul à essuyer les foudres du patron du SML. Jean-François Mattei, que le Dr Cabrera a très longtemps défendu, ne le convainc plus. Les deux hommes se sont rencontrés mardi pour évoquer notamment la réforme de l'assurance-maladie et, malgré des termes polis pour commenter cette entrevue, le courant ne passe plus qu'en mode alternatif. « Je suis très très dubitatif sur le calendrier et la méthode, explique le Dr Cabrera . Un haut comité de 45 personnes pour faire un constat, des groupes de travail, des discussions... Mais les rapports, on les a ! Il aurait fallu trancher ou négocier sur le fond tout de suite. » Une exigence en contradiction avec la stratégie très prudente de Matignon, qui a repris le dossier de la Sécu en main, mettant sous tutelle le ministre de la Santé (« le Quotidien » du 8 septembre). Malgré ses doutes, et le « manque de lisibilité actuel », le SML « participera » à la phase de concertation qui s'ouvre. Avec une vigilance accrue. « Le gouvernement veut accroître la délégation du risque aux partenaires sociaux, caisses et professionnels, analyse le Dr Cabrera. Mais pour cela, il faut que les partenaires aient un poids équivalent, ce n'est pas le cas. »
Le SML, qui convoquera des « Etats généraux de la médecine libérale », samedi 18 octobre à Versailles, a déjà l'ambition de « reconstruire » un projet porteur pour la profession. « Les médecins ont perdu une manche sur l'unité syndicale, la convention unique, les espaces de liberté », résume le Dr Cabrera. Mais, ajoute-t-il, « le combat n'est pas perdu ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature