IL EST TRADITIONNEL que l'ouverture de la saison du ballet de l'Opéra de Paris se fasse avec le défilé du corps de ballet, impressionnante démonstration de la hiérarchie pyramidale de cette Compagnie fondée par Louis XIV, du plus jeune des élèves de l'école de danse jusqu'au plus ancien des danseurs étoiles, aux accents dynamiques de la marche des « Troyens » de Berlioz. Selon l'angle de vue de l'amateur, ce défilé aura revêtu cette année des teintes optimistes, tant le renouvellement a été rapide lors des dernières saisons, ou nostalgique, pour qui réalise que parmi les étoiles nommées par Rudolf Noureev ne subsistent que deux hommes : Manuel Legris (absent du défilé ce jour-là) et Nicolas le Riche.
L'évolution est inéluctable, mais si la relève chez les hommes est là, elle n'est pas assez mature cependant pour que l'on puisse s'enthousiasmer lors des prises de rôle. Chez les dames, on reste plus réservé sur toutes les dernières nominations et force est de noter que les deux danseuses qui se distinguent par leur personnalité autant physique qu'émotionnelle, sont les plus anciennement nommées, Agnès Letestu et Marie-Agnès Gillot.
C'est cette dernière avec son physique athlétique et son incroyable aura dynamique, qui illuminait la première partie de cet hommage à Robbins. Éclatante de vitalité aux côtés du jeune et prometteur sujet Floriant Magnenet dans « En Sol », chorégraphie datant de 1975 et un peu datée dans sa naïveté pittoresque sur le « Concerto en sol » de Ravel, fort bien interprété dans la fosse par Elena Bonnay.
Création mondiale.
Le grand intérêt chorégraphique de cette soirée venait de la création mondiale de « Triade » de Benjamin Millepied dont c'est la deuxième création à l'opéra sur une musique originale de Nico Muhly, commande de l'Opéra de Paris. Dédiée à son maître Robbins par ce jeune et surdoué danseur et chorégraphe français, abstraite mais pas trop, cette pièce d'une durée idéale, vingt minutes, évoque les rencontres de deux couples par une danse très énergétique que soutient la musique confiée à deux trombones et un piano dialoguant avec un fond de musique électronique. Deux étoiles, Laëtitia Pujol et Marie-Agnès Gillot, dialoguent avec deux jeunes danseurs, Marc Moreau et Audric Bezard, dans des poursuites et des duos réglés avec virtuosité, tirant partie des personnalités et des possibilités techniques individuelles.
Dans la seconde partie dédiée à Robbins et Chopin avec son très distrayant « The Concert », souvent donné sur cette scène, et « In The Night », superbe chorégraphie de 1970 sur les « Nocturnes », brillaient Nicolas Le Riche et Agnès Letestu.
Cette pièce faisait idéalement écho à « Dances at a Gathering » autre oeuvre chopinienne de Robbins (1966), dansée par le New York City Ballet dans son troisième programme à Bastille, idéal ensemble et moment d'intimité, montrant toutes les qualités de cette excellente compagnie en force et technique chez les hommes et l'immense grâce et félinité des femmes.
Opéra de Paris - Palais-Garnier : 08.92.89.90.90 et www.operadeparis.fr, jusqu'au 30 septembre. Prochain spectacle : « les Enfants du Paradis », chorégraphie de José Martinez, du 21 octobre au 8 novembre.
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