« L’hôpital malade de la rentabilité », « Hôpital public à vendre »… Sans conteste, le mot rentabilité a été préempté ces derniers mois par l’hôpital public pour en faire un gros mot, voire une arme contre la qualité de soins et contre les patients eux-mêmes. Le terme est aujourd’hui tellement perçu comme antinomique avec une activité de soins que parler de problème de rentabilité pour le privé peut apparaître comme une bonne chose pour certains. En effet, par syllogisme, n’est-ce pas là le signe que le public s’occupe plus des patients et moins de gestion ?
C’est un fait, les acteurs de la santé, et plus encore ceux de l’hospitalisation, sont fâchés avec l’économie. À tel point que pour faire passer certains concepts élémentaires de bonne gestion, on utilise des mots plus présentables, moins marqués par le monde de l’entreprise. Bien qu’il s’essouffle aujourd’hui un peu, le concept d’efficience a donc fait florès ces dix dernières années. Derrière ces problèmes sémantiques se cachent deux conceptions de la santé en France : celle qui considère qu’elle n’a pas de prix et que c’est avant tout un service public financé par l’État avant d’être un agent économique ; celle qui veut que le soin soit aussi une activité économique qui doit répondre à des exigences de bonne gestion, et pour les acteurs privés, à une rentabilité minimale. Ces tenants de la santé comme secteur économique sont aussi ceux qui sont partisans d’une vision très européenne d’une activité créatrice de valeur et non pas uniquement une charge pour les États.
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