L'EXPERTISE demandée par le ministère de la Santé à la suite d'une étude publiée dans « Neurology » faisant état d'un lien entre vaccin anti-VHB et SEP (« Le Quotidien » du 29 septembre) s'est achevée avec l'avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Il recommande «le maintien de la politique vaccinale vis-à-vis de l'hépatiteB chez l'enfant, telle qu'elle est définie dans le calendrier vaccinal» et «le renforcement de la mise en oeuvre de cette politique, compte tenu des faibles couvertures vaccinales actuelles».
Les recommandations du HCSP sont conformes aux conclusions du groupe d'experts épidémiologistes réunis par l'AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) et de l'avis de la Commission nationale de pharmacovigilance qui ont examiné les résultats de l'étude menée par le Pr Marc Tardieu sur la cohorte neuropédiatrique KIDSEP*.
Le HCSP «partage l'avis et les critiques méthodologiques émises». Les experts ont en particulier jugé que le résultat principal de l'analyse «ne montre pas d'association chez l'enfant entre un antécédent de vaccination contre l'hépatiteB et un épisode de démyélinisation aiguë centrale». Le résultat de l'analyse statistique complémentaire du sous-groupe des enfants vaccinés depuis plus de trois ans et ayant observé le calendrier vaccinal (opposé au non- observants), qui avait montré une association statistique entre un antécédent de vaccination par le vaccin Engerix B et l'observation d'une SEP, présente, selon eux, les caractéristiques d'un résultat «fortuit».
Moins de 30 % de vaccinés.
Le HSCP a également pris acte des conclusions de l'Institut de veille sanitaire (InVS), qui estime que, chez les enfants vaccinés entre 1994 et 2007, environ 20 000 nouvelles infections, 8 000 hépatites aiguës, 800 infections chroniques et 40 hépatites fulminantes ont été évitées. «Ces résultats reflètent en grande partie la couverture vaccinale élevée obtenue entre 1994 et 1997 chez les adolescents (78 % chez les enfants de 11 ans et 65 % chez les adolescents plus âgés) », estime l'InVS. L'Institut attire l'attention sur le fait qu'en l'absence d'augmentation de la couverture vaccinale chez l'enfant (actuellement inférieure à 30 % chez les nourrissons et de l'ordre de 40 % chez les préadolescents), les effets bénéfiques de la vaccination ne se maintiendront pas à cette hauteur de cas évités. Car «les enfants qui ont bénéficié des couvertures vaccinales élevées atteintes entre 1994 et 1997 vont progressivement quitter la tranche d'âge des 20-29ans, période de risque maximal d'infection par le virus de l'hépatiteB».
Le poids de la maladie, longtemps sous-estimé, reste important en France, avec 1 300 décès par an imputables au VHB, essentiellement par cirrhose hépatique ou cancer primitif.
* L'étude est disponible sur la version en ligne de la revue « Neurology » datée du 8 octobre.
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