Antiquités
Une vente d'arts primitifs parmi d'autres ? Il s'agit cette fois d'une des dernières - peut-être de la dernière - grandes collections réunies ou commencées avant-guerre. À l'époque où Paul Eluard et André Breton découvraient ces créations puissantes et spontanées d'autres cultures et transmettaient leur enthousiasme aux jeunes poètes et artistes de l'après-Grande Guerre, en quête, eux aussi, « d'autre chose ».
Né en 1887 à Bruxelles, journaliste et critique d'art, curieux de tout, René Gaffé fut l'ami des peintres cubistes et des poètes surréalistes. Passionné par les esthétiques nouvelles de l'après-Grande Guerre, il montre dans ses achats un flair remarquable. Il réunit d'abord une collection de tableaux modernes (Braque, Miro, Picasso, Zadkine, Léger, Dufy, Max Ernst, Magritte, mais aussi Renoir) dispersée au début du mois dernier par Christie's à New York.
C'est plus tard, vers 1930, qu'il commence sa collection d'arts primitifs, sous l'influence d'André Breton et de Paul Eluard, passionnés d[212]art africain et océanien. C'est d'eux qu'il tient quelques-uns des plus beaux fleurons de sa collection. À commencer par le « Grand Uli » de Nouvelle-Irlande, étonnante et effrayante effigie baroque et grimaçante, au regard perçant et au rictus menaçant, estimé 150 000/220 000 euros , André Breton lui avait même composé un poème : « Pour sûr, tu es un grand dieu /Tu fais peur et tu émerveilles ». Le poète fut aussi le premier collectionneur d'un curieux personnage de l'île de Pâques, un grand échalas au grand nez et aux côtes saillantes, dont on attend le même prix.
Gaffé tenait de Paul Guillaume, marchand et collectionneur, l'un des plus ardents défenseurs de l'art africain, les trois reliquaires Fang du Gabon qui sont les trois pièces phares de la collection. Les deux statuettes valent chacune 460 000-610 000 euros, la troisième, une tête au visage stylisé en cur, devrait s'adjuger 220 000 à 305 000 euros.
Après la mort de René Gaffé en 1968, sa collection avait été conservée intacte dans sa villa Midi le Juste par sa femme Jane, disparue l'an dernier. Par disposition testamentaire, le produit de la vente sera versé à l'Institut Pierre-et-Marie-Curie, pour la recherche contre le cancer.
Samedi 8 décembre, 19 h 30, 9, avenue Matignon, Christie's.
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