Au Louvre : les dessins
Soixante-quatre feuilles (encres, sanguines ou pierres noires) provenant essentiellement de collections publiques françaises et de collections privées, ainsi qu’une quinzaine de gravures et un autoportrait peint, composent l’exposition du Louvre.
Les feuilles dessinées présidaient à la réalisation d’une toile, en tant qu’études, ou bien se suffisaient à elles-mêmes, oeuvres à part entière ou exercices de style.
L’exposition suit un ordre chronologique. Elle dévoile des études de visages et de personnages (nombreux vieillards, figures orientales...), des croquis d’animaux (études de porcs, d’oiseaux de paradis…..., des compositions d’inspiration religieuse (superbe « Annonciation », « Jacob écoutant le récit de ses fils revenus d’Egypte » ou « Jésus s’entretenant avec les docteurs »), des scènes de la vie domestique (on ne manquera pas « L’Intérieur avec Saskia au lit » ni les délicates études de mères avec leur enfant), des esquisses de paysages (de très nombreuses vues de la campagne hollandaise comme « Vue de l’Amstel avec deux bateaux à voiles » réalisée à la pierre noire, « Chaumières au bord de la Sloterweg » ou « Bouquet d’arbres au bord de l’eau », à la plume et au lavis), des copies d’après d’autres artistes (celle du « Paysage à l’ours » d’après Titien). Une certaine mélancolie n’est pas absente des derniers dessins de Rembrandt, des années 1650 à 1669 (« Femme regardant par la fenêtre »). Ce qui n’empêche pas le maître de faire preuve de la même fougue.
L’exposition du Louvre est remarquable. Elle dévoile des feuilles d’une grande profondeur psychologique, au trait vigoureux ou gracieux, qui ne sont qu’éclat, force de vie et équilibre.
A la BNF : « La lumière de l’ombre »
Cent cinquante oeuvres prestigieuses du peintre sont réunies à la Bibliothèque nationale de France. La plupart proviennent du fonds de l’institution parisienne. Ce sont toutes des estampes, qui témoignent du talent de graveur, de la maîtrise technique et de la diversité stylistique et iconographique dont faisait preuve l’artiste, l’un des maîtres historiques de la gravure, après Dürer. Ces chefs-d’oeuvre – eaux-fortes, pointes sèches, burins… – sont regroupés par thèmes : autoportraits et portraits de famille, scènes bibliques, paysages, nus, scènes de la vie quotidienne, portraits d’amis…
Rembrandt modifiait l’image à partir du cuivre originel qu’il retravaillait. Il réalisait ainsi à l’envi des tirages sur différents supports (papier de Chine, papier Japon, vélin, parchemin). Plusieurs « états » (ou versions) d’une oeuvre sont exposés les uns à côté des autres, en comparaison. L’artiste hollandais jouait avec la matière, les effets de planéité ou de profondeur, de velouté ou de rudesse, les irrégularités d’encrage, les opacités ou les transparences, les modelés et, bien sûr, les fameux clairs-obscurs. Son trait est merveilleusement précis, ciselé. Il multiplie les hachures, les tourbillons, pour signifier une atmosphère ou la psychologie de l’un de ses personnages. Des audaces, des inventions donnent à ces gravures une modernité extraordinaire : on y sent les prémices lointains du romantisme (dans certains paysages, notamment dans les scènes bibliques, où la nature est exaltée ou bien mélancolique), on y décèle des caractéristiques qui seront propres à l’impressionnisme (effets de flous, petites touches additionnées les unes aux autres), à l’expressionnisme (autoportraits aux yeux hagards et aux cheveux hirsutes, dureté de la ligne parfois acérée, comme dans l’étonnante « Femme au bain » de 1658) et même à l’abstraction (dépouillement de certains paysages de la campagne hollandaise).
Au Petit Palais : les eaux-fortes
Le Petit Palais propose également des gravures de Rembrandt, cette fois exclusivement des eaux-fortes (environ 180). Elles proviennent de la collection des frères Eugène (1807-1886) et Auguste (1812-1902) Dutuit, qui léguèrent leurs oeuvres au musée des Beaux-Arts de la ville de Paris en 1902. Là encore, on retrouve les thèmes variés chers à l’artiste : sujets bibliques (« l’Annonciation aux bergers », « Adam et Eve », « le Sacrifice d’Abraham », « Jésus-Christ prêchant ou la petite tombe »), autoportraits (« Rembrandt aux cheveux bouclés et au col blanc », « Rembrandt gravant à la fenêtre »), paysages (« le Grand Paysage à la tour », « le Bouquet d’arbres »), portraits (« Saskia avec des perles dans les cheveux »), scènes de genre, de la vie quotidienne ou érotiques...
Rembrandt appréciait particulièrement le procédé de l’eau-forte, cette gravure en creux sur plaque de métal, plutôt rare au début du XVIIe siècle, qui permettait de faire des corrections, des repentirs (contrairement à la gravure au burin qui ne laissait pas droit à l’erreur).
A l’Institut néerlandais : Rembrandt et son entourage
L’exposition de l’Institut néerlandais fait la lumière sur la vie quotidienne de Rembrandt, les êtres et les objets qui l’entouraient. Elle montre des scènes d’atelier, mais aussi des portraits de personnalités ou des représentations de sujets singuliers, ainsi que deux des sept lettres connues de l’artiste (écrites à Constantin Huygens, secrétaire du prince Frédéric-Henri). A compléter par l’exposition « Voyages en France », qui retrace les multiples périples que les artistes hollandais effectuaient en France au siècle de Rembrandt. On y découvrira les dessins et les journaux de voyage de ces peintres, tels Lambert Doomer (1624-1700) et Willem Schellinks (1627-1678).
– « Rembrandt, la lumière de l’ombre », Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, tél. 01.53.79.59.59. Du mardi au samedi, de 10 h à 19 h ; dimanche, de 12 h à 19 h. Entrée : 7 euros, TR 5 euros. Jusqu’au 7 janvier.
– « Rembrandt et son entourage », Institut néerlandais, 121, rue de Lille. Tlj, sauf lundi, de 13 h à 19 h.
– « Rembrandt dessinateur », musée du Louvre. Tlj, sauf mardi, de 9 h à 18 h. Mercredi et vendredi, de 9 h à 22 h. Entrée : 9,50 euros. Tél. 01.40.20.53.17. Jusqu’au 8 janvier.
– « Rembrandt, Eaux-fortes ». Petit Palais, avenue Winston-Churchill. Entrée : 9 euros, TR 6 euros. Tlj, sauf lundi, de 10 h à 18 h ; mardi, jusqu’à 20 h. Jusqu’au 7 janvier.
A lire
– « Rembrandt, la lumière de l’ombre », 280 p., 49 euros, éd. BNF/Fundació Caixa Catalunya.
– Catalogue de l’exposition « Rembrandt, eaux-fortes », 400 p., Editions Paris Musées
– Catalogue de l’exposition « Rembrandt dessinateur », coédition musée du Louvre, Editions/Somogy, 192 pages, 29 euros.
– « Lire la peinture de Rembrandt », 144 p., 19,90 euros, Editions Larousse.
– « Rembrandt », de Bert W. Meijer, 142 p., 45 euros, Editions Gallimard.
Expositions à venir
– « Rembrandt et les femmes », à l’Institut néerlandais, à partir du 14 décembre, qui montre la prédilection du maître pour la représentation de vieilles femmes et de Saskia, son épouse.
– « Rembrandt... bouquet final », à l’Institut néerlandais, en janvier prochain : choix d’oeuvres parmi la collection des dessins de Rembrandt du cabinet de Berlin.
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