Après transplantation rénale, le rejet aigu, causé par l'infiltration de cellules du système immun de l'hôte, constitue un des facteurs de risque majeur de rejet chronique et de perte du greffon à long terme.
La biopsie rénale percutanée et la surveillance de certains marqueurs génétiques dans les urines permettent de diagnostiquer le rejet aigu et de mettre en route le plus tôt possible un traitement antirejet. Mais aucune méthode n'a encore été identifiée pour prédire la réponse au traitement et l'évolution clinique du rejet aigu.
Sarwal et coll. (université de Stanford, Californie) ont examiné les profils moléculaires des greffons rénaux chez des patients atteints de rejet aigu. Ils montrent qu'une hétérogénéité moléculaire est à la base d'une variabilité dans la réponse au traitement et dans la survie du greffon.
Profil d'expression des ARNm
Utilisant un nouvel outil pour l'analyse du génome humain, à savoir un microdéploiement de sondes pour 12 440 gènes, les chercheurs ont défini le profil d'expression des ARNm dans 67 biopsies rénales réalisées (principalement en pédiatrie) lors d'un rejet aigu ou chronique (n = 52), ou avec fonction rénale normale (n = 15).
Les profils d'expression génique, ont constaté les investigateurs, sont différents selon que les biopsies sont associées à un rejet aigu, des effets néphrotoxiques des médicaments, une infection, une néphropathie chronique du greffon ou un rein normal.
Les profils d'expression génique associés au rejet aigu (n = 26) en suggèrent au moins trois sous-types possibles. Bien que ces sous-types soient indifférenciables par microscopie optique, ils sont caractérisés par des différences d'activation immune et de prolifération cellulaire.
Les investigateurs ont notamment constaté qu'un sous-type de rejet aigu (type 1), caractérisé par une signature des cellules T (phénotype activé) et des cellules B, est associé à un mauvais pronostic.
Coloration des CD40
La découverte la plus importante et inattendue de l'étude est l'observation d'une infiltration de cellules B, signalée moléculairement par le profil d'expression génique, ou immunohistochimiquement par coloration des CD40 (marqueur des cellules B) dans un sous-groupe de biopsies de rejet aigu, et son étroite corrélation à un rejet sévère de greffe. Ce qui suggère pour la première fois un rôle majeur des cellules B dans le rejet aigu.
Une coloration dense des CD40, observée dans un tiers des biopsies de rejet aigu, est corrélée à une résistance au traitement glucocorticoïde et à une perte du greffon. Ainsi, suggèrent Sarwal et coll., la coloration des CD40 pourrait fournir un test diagnostique rapide permettant d'identifier un groupe de patients à risque pour lesquels un traitement plus agressif et spécifique pourrait être justifié.
Sarwal et coll. se demandent si un traitement précoce par anticorps monoclonal anti-CD20 (rituximab) pourrait offrir une option thérapeutique chez ces patients avec infiltration cellulaire B, réfractaires au traitement glucocorticoïde.
« Les nouvelles approches représentées par la technologie de microdéploiements d'ADN et l'identification du profil génique offrent des perspectives prometteuses », déclare dans un éditorial le Dr Philip Marsden (Toronto), « non seulement pour la stratification du risque mais aussi pour des progrès thérapeutiques potentiels qui pourraient améliorer, plutôt que seulement prédire, l'évolution de la transplantation. »
« New england Journal of Medicine », 10 juillet 2003, pp. 125, 182.
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