«J'ai commencé mes études de médecine à 27ans. La médecine, c'est comme l'amour: sans passion initiale, puis entretenue, il meurt peu à peu. A cause de la sécheresse et de l'intransigeance administrative et politique, mon amour de la médecine est peu à peu en train de s'éteindre.» (H, 62 ans, généraliste, exerce depuis 1982).
«Quel dommage qu'en vingt ans le métier ait été autant dévalorisé, notamment financièrement et dans l'esprit de la population! Nous ne sommes ni payés ni reconnus à notre juste valeur, mais toujours critiqués, voilà la vraie raison de la pénurie. De quoi être amer, quel gâchis pour laprofession.» (F, 46 ans, généraliste, exerce depuis 1989).
«L'exercice de la médecine n'est plus un sacerdoce ni même une vocation. Il s'agit à présent d'une profession qui se choisit encore pour ses relations humaines mais qui s'exerce comme une autre, en mettant d'abord en avant la qualité de vie. Ce n'est pas une critique mais un constat.» (H, 59 ans, généraliste secteur I, exerce depuis 1975).
«Plus aucun respect pour notre profession. Nous sommes devenus des OS de la médecine. Intolérance des clients, flicage de la Cpam.» (H, 62 ans, généraliste secteur II, exerce depuis 1975).
«Je me sens vieillir. Je râle contre mon ordinateur toute la journée. Je ne reconnais plus le monde où j'ai été élevée. Et je trouve mes contemporains égoïstes et discourtois.» (F, 53ans, généraliste, exerce depuis 1988).
«Bac littéraire, j'ai connu les galères des premières années d'études puis une certaine sérénité. Le métier que j'exerce n'est pas celui que j'ai appris. Dans les institutions, il y a l'administratif et le relationnel, en libéral la solitude et les réformes incessantes de Big Brother.» (H, 62 ans, psychiatre libéral, exerce depuis 1975).
«Mon rêve, aujourd'hui, est de quitter ce métier le plus tôt possible. Le dévouement, sans compter, aux patients, m'a épuisé. En fait, c'est plus l'épuisement que la lassitude de la médecine proprement dite. Le MG idéal aurait 15patients par jour 5jours/7 pour le même revenu plutôt que 25patients par jour 6jours sur 7.» (H, 51 ans, généraliste, exerce depuis 1984).
«La médecine générale actuelle n'a plus rien de libéral. Tout est encadré, et sous astreintes de la Sécurité sociale ou des ministères. C'est une forme d'esclavage où l'on demande toujours plus au médecin sans véritable reconnaissance. Quel gâchis!» (H, 53 ans, généraliste secteur 1, exerce depuis 1982).
«Je suis tellement déçue que ce travail soit aussi dévalorisé et dévalorisant. Je commence des démarches pour partir à l'étranger (Angleterre =honoraires libres).» (F, 33 ans, généraliste, exerce depuis 2004).
«La médecine n'est plus libérale. Les revenus de la profession sont indécents par rapport à d'autres professions (avocat, chef d'entreprise, plombier, coiffeur, etc.).» (H, 62 ans, généraliste, exerce depuis 1975).
«Je regrette qu'on ne puisse pas adapter l'exercice à l'âge. Par exemple, en raison de l'extrême pénibilité du métier d'anesthésiste, je souhaiterais changer de spécialité.» (F, 58 ans, anesthésiste, exerce depuis 1981).
«Si on n'a pas la médecine chevillée au corps, vus les contraintes, le mode de vie et les conditions d'exercice, c'est la sortie de route assurée. Je plains les “tièdes” qui n'ont que choisi un métier.» (F, 53 ans, généraliste secteur II tendance homéopathie, exerce depuis 1980).
«Trop de paperasses, de vigilances qui détournent le médecin de son activité première, qui est de soigner. Dans une société de consommation, la médecine est devenue un produit comme un autre. Dommage!» (H, 53 ans, anesthésiste-réanimateur libéral).
«J'ai l'impression de vivre pour les patients au détriment de mes proches et de ma vie propre.» (F, 42 ans, généraliste, exerce depuis 1992, grande ville).
«Je pense que le métier de médecin généraliste tel qu'il est aujourd'hui est condamné à disparaître au profit de “superinfirmiers” ou de “sous-médecins” qui ne sont plus que des orienteurs vers les spécialistes.» (H, 52 ans, généraliste secteur I, petite ville, exerce depuis 1988).
«Le plus difficile à gérer est l'entourage du patient avec des exigences de plus en plus disproportionnées.» (F, 50 ans, gériatre hospitalier, soins palliatifs, exerce depuis 1991).
«7h30-20heures, 90gardes de nuit par an et 20000km par an. Aucune considération de la part des patients, qui sont de plus en plus égoïstes et vindicatifs, voire procéduriers. Assommé de charges et de frais de gestion de cabinet. Ecoeuré. Vivement que j'ouvre une friterie!» (H, 38 ans, généraliste, exerce depuis 2002).
«Rien dans la médecine générale ne correspond aux études, au temps investi, à l'implication dans le métier. Tout ça pour être la petite main de mes confrères spécialistes et le larbin de mes clients. Entre deux, j'ai quelques patients.» (H, 43 ans, généraliste, exerce depuis 1996).
«J'aime ce que je fais. Mais, avec le recul –60heures par semaine, dix ans d'études pour un salaire moyen–, je me pose la question: était-ce le bon choix?» (F, 46 ans, généraliste, exerce depuis 1989).
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