L E diabète de type 2, non insulinodépendant (DNID), résulte d'une interaction entre une prédisposition génétique et des facteurs de risque environnementaux. Si les facteurs de risque génétiques restent largement inconnus, on sait que l'obésité et un mode de vie sédentaire représentent les deux principaux facteurs de risque non génétiques de la maladie.
Deux précédentes études, menées en Suède et en Chine chez des sujets à risque de diabète de type 2, ont suggéré que des changements du mode de vie en termes d'alimentation et d'activité physique peuvent retarder la survenue du diabète. Toutefois, cela reste incertain, car ces deux études n'ont pas randomisé individuellement les sujets.
Tuomilehto et coll. (National Public Health Institute, Helsinki) rapportent maintenant les résultats de l'« Etude finlandaise de prévention du diabète », qui a porté sur les changements du mode de vie sur le développement du diabète type 2 chez des sujets à haut risque.
Intolérance au glucose
Tous les sujets avaient une intolérance au glucose, un stade intermédiaire dans l'histoire naturelle du diabète type 2, caractérisé par un degré plus faible d'hyperglycémie (une intolérance au glucose est associée à un taux annuel de progression vers le diabète de 1 à 10 %).
Dans cette étude, 522 personnes obèses (âge moyen 55 ans ; IMC moyen de 31) avec intolérance au glucose ont été réparties par randomisation en deux groupes : un groupe d'intervention et un groupe témoin. Dans le groupe d'intervention, chaque sujet était suivi par un nutritionniste sept fois au cours de la première année, puis tous les trois mois. Ces entrevues visaient à encourager des changements spécifiques dans le mode de vie de chacun, avec cinq objectifs :
1) réduire le poids de 5 % ou plus ;
2) réduire l'apport en graisses à moins de 30 % de l'apport énergétique ;
3) réduire l'apport en graisses saturées à moins de 10 % de l'apport énergétique ;
4) augmenter l'apport en fibres à au moins 15 g pour 1 000 kcal ;
5) augmenter l'exercice, avec au moins trente minutes d'exercice modéré par jour. De plus, des sessions individuelles d'entraînement physique étaient offertes.
Dans le groupe témoin, les sujets recevaient seulement une information orale et écrite sur l'alimentation et l'exercice, cela au début de l'étude, puis à chaque visite annuelle ; aucun programme spécifique individualisé ne leur était offert.
Un test de tolérance au glucose était pratiqué tous les ans, et le diagnostic de diabète était confirmé par un second test. Les sujets ont été suivis en moyenne pendant trois ans.
Bien que la perte de poids consécutive à l'intervention soit en moyenne relativement faible (de 4,2 kg ± 5 dans le groupe d'intervention à 0,8 kg ± 3,7 dans l'autre), l'effet du changement du mode de vie sur la fréquence du diabète est important : le risque de diabète est 58 % plus faible dans le groupe d'intervention, après le suivi moyen de trois ans.
Les investigateurs ont de plus constaté que le risque de diabète est plus faible chez les personnes qui parviennent à réaliser davantage d'objectifs du changement du mode de vie, quel que soit le groupe auquel elles appartiennent.
Promouvoir un mode de vie sain
« Ces résultats démontrent que la modification des facteurs de risque du diabète type 2 réduit le risque de la maladie », commentent dans un éditorial associé les Drs Tataranni et coll., du National Institute of Health (Phoenix, Arizona). « Ce n'était pas couru d'avance », ajoutent-ils. « Il n'était pas certain qu'un programme d'intervention en consultation externe puisse influencer avec succès de vieilles habitudes d'alimentation et d'activité lorsque les sujets ont facilement accès à des aliments caloriquement denses et qu'un exercice minime est requis pour les activités de la vie quotidienne.Ces résultats devraient encourager les médecins et autres soignants à persévérer dans la difficile tâche de promouvoir un mode de vie sain », concluent-ils.
« New England Journal of Medicine », 3 mai 2001, pp. 1343 et 1390.
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